Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé ce mercredi 6 mai sur les mesures d’aides au secteur culturel – qui emploie, rappelons-le, 1,3 million de personnes et participe à hauteur de 2,3% au PIB national – frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19. L’occasion également pour le Chef de l’État d’esquisser quelques tendances sur la politique culturelle de la France dans les mois et années à venir. #NationApprenante propose un récapitulatif des mesures annoncées et s’interroge sur les enjeux que soulève cette crise quant à la place qu’aura la culture dans le monde d’après crise.

Les annonces du mercredi 6 mai du Président de la République sur les mesures d’aides à la Culture sont l’occasion de revenir sur la situation d’un secteur de l’économie fortement impacté par la crise sanitaire et pourtant souvent passé sous silence alors qu’il fait travailler 1,3 million de personnes (soit 2,2% des emplois en France) et participe à hauteur de 2,3% au PIB national. Sa contribution à l’économie est comparable à celle de l’industrie agro-alimentaire ou encore 1,9 fois plus importante que celle de l’industrie automobile selon une étude EY. Mais ces chiffres qui se cantonnent à sa valeur ajoutée directe ne prennent pas en compte les effets induits ou effets d’entraînements sur les activités non culturelles ou encore les externalités positives que la culture exerce par son rayonnement sur les territoires ou sur des secteurs connexes comme le tourisme par exemple.

 

Des mesures spécifiques pour un secteur atypique

Au-delà des mesures d'urgences générales (fonds de solidarité, report et annulations de charges, chômage partiel), Emmanuel Macron a plaidé mercredi 6 mai pour de nombreuses mesures de soutien spécifiques à un secteur particulièrement sinistré en raison des mesures de confinement qui le paralysent en grande partie. À commencer par une année blanche pour les intermittents du spectacle ou la prolongation de leurs droits d'une année, au-delà des six mois où leur activité aura été « impossible ou très dégradée », c'est-à-dire jusqu'à fin août 2021 (avec l’espoir que la reprise d’activité n’oblige pas à activer ces dispositifs). Faisant écho aux appels récents à un New Deal culturel, le Président a proposé un grand programme de commandes publiques. S’ajoute à ces propositions, la mise en place d’un fonds d'indemnisation pour les tournages de films ou de séries qui doivent être annulés ou reportés, un fonds de solidarité des TPE ainsi qu’une dotation de 50 millions d'euros pour le Centre national de la musique. Le Président a aussi souligné l’importance de défendre la créativité européenne en encourageant les coproductions européennes face aux productions chinoises ou américaines.

Un secteur particulièrement exposé

Pourquoi ces mesures spécifiques ? Malgré son dynamisme évoqué plus haut, le secteur de la culture est particulièrement ravagé. L’épisode du Covid-19 révèle de surcroît des fragilités inhérentes qui l’exposent plus que d’autres. Le spectacle vivant est un exemple emblématique à cet égard, avec une activité reposant sur des grands rassemblements de personnes s'appuyant sur des performances uniques et non-reproductibles. Ce fut d’ailleurs un des premiers secteurs à devoir stopper son activité avec des annulations de concerts et de festivals en cascade. Il sera peut-être le dernier à rouvrir ses portes avec une reprogrammation difficile à planifier dans un contexte d’incertitude qui pèse sur la reprise. Cette incertitude est d’autant plus coûteuse que ces manifestations s’inscrivent dans des logiques de tournées internationales, faisant appel très en amont à une chaîne d’acteurs et de métiers variés. Le déboursement de sommes déjà engagées constitue des pertes importantes pour un secteur déjà fragilisé par des mois de grèves. 

Un secteur hybride inégalement impacté

Mais le secteur culturel a aussi pour spécificité d’être hétérogène et hybride, recouvrant d’autres sous-secteurs très disparates comme le cinéma, le livre, la musique, les musées, les galeries d’art, les sites historiques ou encore le jeu vidéo. Tous ont pour point commun de fonctionner en économies de « prototype » puisant dans la création, et sont fortement exposés au risque, à la spéculation et à l’incertitude. Ces marchés sont le plus souvent oligopolistiques avec quelques grosses majors dominantes entourées d’une multitude d’acteurs indépendants (TPE, PME, micro-entreprises) dynamiques et créatives mais fragiles en temps de crise. Malgré ces similitudes, chaque sous-secteur culturel répond toutefois à des lois particulières selon qu’il s’inscrit dans des logiques industrielles, patrimoniales ou événementielles ou selon la nature des usages (l’appétence pour le numérique peut varie fortement d’un secteur à l’autre).

La crise comme révélateur

Ainsi, depuis le début de la crise sanitaire, on observe que ces différents secteurs ne sont pas impactés de la même façon par le confinement. Si les théâtres, salles de concert et de cinéma, musées, librairies sont privés de leurs lieux d’expression habituels, le dernier baromètre Hadopi montre une augmentation nette de la consommation de séries, films, expositions numériques, musique et jeux vidéo qui profite largement aux plates-formes de streaming, par abonnement (SVoD), à l’achat ou à la demande (VoD). 

La contrainte du confinement semble avoir libéré du « temps de cerveau disponible » pour la culture à travers ces usages numériques qui étaient déjà en plein essor. Si des plateformes plus confidentielles ont pu tirer leur épingle du jeu en augmentant leur nombre d’abonnés, ce seront surtout les plateformes américaines de streaming comme Netflix ou Amazon qui sortiront renforcées du confinement. Un point de vigilance articulé par le Président lorsqu’il évoque la nécessité de mettre ces plateformes à contribution à partir du début de l’année 2021, en faveur de la création française et européenne.

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