Le PDG d'Orange a rédigé la préface de la nouvelle édition du livre Le Leadership de l’amour. Une nouvelle Voie pour l’Occident pour l’Occident écrit par Emmanuel Toniutti. La Quotidienne en publie un extrait.  

Par un effet peut-être spécieux on tente d’affirmer que performance numérique et performance sociale ne sont pas antinomiques mais se servent mutuellement. C’est vrai, mais jusqu’à un certain point je crois. Elles sont souvent difficilement conciliables dans la logique court termiste et financière des marchés. Les « investisseurs » préfèrent les robots aux employés syndiqués, les dividendes et les plus-values aux augmentations de salaire et aux investissements de long terme. Sans parler de la surdité face aux défis du changement climatique. C’est un peu triste mais c’est ainsi. Il faut avoir parfois le courage de refuser cette logique qui a conduit et continuera de conduire nombre d’entreprises au désastre humain.

Quant au leadership lui-même, disons simplement que la révolution digitale doit conduire à une révolution du management. L’omniprésence des réseaux sociaux, le partage exhaustif et permanent de l’information, le droit à l’expression et à l’interpellation des dirigeants que la société numérique a érigé en pratique, voire en principe rend indispensable l’émergence d’une nouvelle génération de leaders, bienveillants et empathiques, sans pour autant tomber dans la mièvrerie ou l’absence de lucidité sur les défis à relever.

C’est d’autant plus important que la transformation à l’œuvre dans la société et les entreprises va apporter son lot de stress, de souffrances, de déstabilisation et de sentiment de déclassement.

L’arrivée de l’intelligence artificielle, les difficultés du « reskilling » dont les entreprises font désormais l’alpha et l’oméga de leur stratégie RH, nécessiteront ces nouveaux managers.

Parmi les nombreux acquis de la pensée d’Emmanuel Toniutti il y a aussi cette distinction fondamentale établie entre les comportements individuels en temps normal et ceux sous l’emprise du stress ou en situation de crise....

Le stress, la pression, la crise, révèlent la nature profonde des personnes. Le courage, le sang-froid, l’empathie, le discernement n’apparaissent visiblement que lorsqu’un stress surgit. Soyons tous particulièrement attentifs à nos états de stress, ils nous déforment souvent bien au-delà de ce que nous pensons.

Il faut aussi, et c’est une grande leçon des travaux d’Emmanuel Toniutti, tout à la fois être soi-même, s’assumer et même s’aimer (pas trop tout de même), et se remettre en question, écouter avec humilité, renoncer aux postures d’autorité (« le chef qui doit être craint ») pour parvenir au leadership responsable, le seul qui peut dessiner le monde de demain.

Parce que le digital est une formidable caisse de résonnance des émotions individuelles et collectives, parce que les grands défis d’aujourd’hui sont sociétaux – urgence climatique, besoin d’un développement inclusif, montée des exigences de sobriété et de responsabilité des entreprises – il faut découvrir la pensée originale, parfois iconoclaste, toujours lumineuse, d’Emmanuel Toniutti.

 

Stéphane Richard, PDG d'Orange 

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