Bruno Durieux, polytechnicien, inspecteur général des Finances, dénonce les Cassandre qui annoncent régulièrement l’effondrement prochain de la planète dans son livre Contre l’Écologisme. Pour une croissance au service de l’environnement publié aux éditions de Fallois. L’ancien ministre analyse pourquoi le principe de précaution que la France est le seul pays à avoir gravé dans sa Constitution, « est une tyrannie obscure ». 

Alors que les gourous et autres beaux esprits multiplient les prophéties sur le monde de l’après et les lendemains qui chantent en « vendant leurs solutions, leur propres agendas politiques ou idéologiques » [1] qui se réduisent très souvent à dénoncer le capitalisme destructeur de la planète comme le « coupable idéal », Bruno Durieux analyse avec sagacité « les ressorts profonds de l’écologisme » et portraiture ses faux prophètes dans son livre Contre l’Écologisme. Pour une croissance au service de l’environnement publié aux éditions de Fallois.  

Le polytechnicien et inspecteur général des finances qui possède une double formation scientifique et économique et qui a une bonne connaissance de la vie publique, est un écologiste convaincu amoureux de la nature. « J’approuve évidemment et vigoureusement la lutte contre les pollutions de toute nature », écrit l’ancien ministre qui a grandi dans la campagne. Son engagement est conjugué à la certitude que « les bénéfices de la croissance économique et du progrès technologique sont les conditions de la prospérité ». 

Après avoir rappelé que l’écologie est une science complexe, Bruno Durieux dénonce l’écologisme, « une idéologie politique, un cas unique de mouvement politique qui prétend tirer sa justification d’un corpus scientifique ».

L’ascension de « cette religion de la société civile » a débuté à la fin des années 1960 aux États-Unis et en Europe « dans des couches sociales aisées sur fond de contestation générale de l’ordre établi et des modes de vie par la jeunesse ».  20 millions de personnes dans le monde dont 100 000 à New-York ont célébré le 22 avril 1970 le premier « jour de la Terre ». Un groupe écologiste appelé Don’t make a wave est créé à Vancouver au Canada. Il deviendra Greenpeace. Le mouvement hippie déclare son amour à la terre, être vivant.  

Les documents et livres consacrés à ce thème séduisent le public. Paul Ehrlich, un biologiste de l’université de Stanford, publie en 1968 La Bombe P., sept milliards d’hommes en l’an 2000. L’ouvrage se vend à plus de deux millions d’exemplaires dans le monde. Le spécialiste des papillons affirme que la terre sera incapable de faire face à l’explosion démographique. Les famines, les guerres et autres désastres sont inévitables. Cet universitaire n’est pas le seul à annoncer l’apocalypse.

Le Club de Rome qui réunit les meilleurs esprits, publie en 1972 Halte à la croissance ? rédigé par des membres du très renommé Massachusetts Institute of Technology (MIT). Le document est édité dans 37 langues et diffusé à 12 millions d’exemplaires. « Avec une quasi-certitude, au cas où aucun changement n’interviendrait dans notre système actuel, l’expansion démographique et l’expansion économique s’arrêteraient au plus tard au cours du siècle prochain. Le système s’effondre », affirment les auteurs. Afin d’éviter le pire, le Club de Rome plaide la décroissance ou la croissance nulle. 

Des économistes démontrent que les modèles sur lesquels reposent ces assertions sont faux. Robert Solow, économiste au MIT et futur prix Nobel d’économie, assure que ce rapport est « sans valeur ni d’un point de vue scientifique, ni comme guide pour les politiques publiques ». Sans succès. Les écologistes s’emparent des thèses du Club de Rome pour occuper le terrain médiatique. Ils ne le quitteront plus. 

Les présages se brisent pourtant sur les faits. « La croissance économique mondiale s’est poursuivie... La Révolution verte a évité les famines en Inde puis dans le tiers-monde ; les ressources naturelles n’ont pas manqué à la croissance ; les réserves en sont aujourd’hui plus élevées que jamais »,constate Bruno Durieux.   

Car les Nostradamus [2] de l’épuisement prochain de la planète sous-estiment « le rôle du progrès technologique, et des mécanismes de marché ». Ils dénient « les capacités d’innovation et d’adaptation qui ont conduit l’humanité à son niveau de connaissance et de développement présents ».

Refusant le catastrophisme qui propose comme seule parade la décroissance, Bruno Durieux souligne que de nombreux scientifiques, universitaires et économistes tel l’américain Angus Deaton, prix Nobel d’économie en 2015, ont publié des études démontrant que le monde va mieux, que le sort de l’humanité s’est amélioré. Leurs efforts sont vains car le clergé de l’écologisme qui s’est donné comme mission de dénoncer les maux contemporains, « prospère, s’impose, ordonne ». « La puissance des mouvements écologistes d’aujourd’hui impressionne », résume Bruno Durieux. Les nouveaux maîtres penseurs jouent les premiers rôles dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ils transforment les ONG en formidables outils d’influence. Leurs phrases les plus banales les élèvent au rang d’augure. Ils n’ont pas à comprendre les faits. Il leur suffit d’asséner leurs vérités. Les chefs d’État et autres puissants les écoutent. 

La France a contribué à l’apothéose écologiste en étant le seul pays au monde « à avoir gravé le principe de précaution dans le socle de sa Constitution » en février 2005. Personne n’ose renoncer à ce principe vertueux qui tient le malheur à l’écart. « Quelle que soit l’absurdité juridique et pratique du principe de précaution, aucun gouvernement, aussi lucide et intrépide soit-il, le remettra en cause. Une tyrannie obscure s’installe et s’étend irrésistiblement », diagnostique Bruno Durieux. 

L’inventeur de ce concept qui connaît un formidable succès est le philosophe allemand Hans Jonas. Il l’a théorisé en 1979 dans Le Principe responsabilité. Selon lui, le pouvoir technologique donne à l’homme la capacité de détruire la planète. Afin d’éviter la catastrophe, Hans Jonas affirme que la responsabilité de l’homme est de protéger la nature pour la transmettre pure aux futures générations. Jugeant que « la minorité mondiale dévergondée des sociétés démocratiques et libérales où règne l’abondance » est incapable « de prendre les mesures autoritaires et impopulaires qui s’imposent », pour sauvegarder la planète, Hans Jonas propose que les décisions soient prises « par une tyrannie bienveillante, bien informée et animée de la juste compréhension des choses ». Le philosophe allemand va jusqu’à écrire que la « tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que les possibilités qu’offre le complexe capitaliste-démocratique libéral ».

Dénonçant l’hystérie climatique d’aujourd’hui, Bruno Durieux qui est convaincu que le réchauffement climatique est une réalité, conclut en affirmant haut et fort que « la protection de l’environnement a besoin des ressources qu’apportent le capitalisme marchant et la croissance économique ». C’est grâce à ces deux atouts et à la technologie qu’il sera possible « de s’adapter au réchauffement et si possible de le maîtriser ». Défenseur de l’énergie nucléaire, le maire de Grignan constate que les 10 milliards d’humains qui peupleront la planète en 2050, disposeront de toutes les ressources nécessaires pour vivre tout en ayant les outils pour relever les défis alimentaires, énergétiques et climatiques. Un traité d’espoir et de raison à lire absolument en cette période où l’idéologie et le prêt-à-penser l’emportent trop souvent sur les sciences. 

Source : Sociétal


[1] C’est arrivé cette semaine. Europe 1. Entretien de Patrick Cohen avec Marylin Maeso, professeure de philosophie et spécialiste de Camus qui vient de publier « Les lents demains qui chantent » aux Éditions de l’Observatoire. https://www.europe1.fr/emissions/C-est-arrive-cette-semaine 

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Nostradamus

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