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Chers adhérents et amis de l’Institut de l’Entreprise,
Chers amis du monde enseignant,

Alors que s’ouvre aujourd’hui une nouvelle session des Entretiens Enseignants-Entreprises, je profite de cette opportunité pour vous souhaiter à tous une bonne rentrée.

L’été que nous venons de traverser, ajouté aux événements survenus depuis deux ans, peut nous avoir laissé une impression angoissante. Géopolitique, économie, climat : tout paraît en crise.

Il est vrai que nous faisons face à des défis considérables. Mais pourtant, tout n’est pas sombre dans l’horizon de cette rentrée.

Il y a tout d’abord de nombreuses personnes de bonne volonté qui s’activent dans leurs champs respectifs, pour faire avancer les choses. Les enseignants, qui vont accueillir les élèves dès la semaine prochaine, en sont le meilleur exemple.

Les entreprises, également, sont de plus en plus mobilisées face aux défis contemporains. L’Institut de l’Entreprise en fournit de nombreuses illustrations, dans le cadre de ses missions fondamentales, qui consistent à fournir un cadre conceptuel pour l’action de l’entreprise dans la société, et à faire mieux connaître l’entreprise à l’ensemble de ses parties prenantes.

À ce titre, je vous invite à (re)découvrir l’étude sur l’Entreprise Full-RSE, que nous avons publié en juin 2022, et qui indique comment les entreprises sont en train d’accélérer l’intégration de leur responsabilités sociales et environnementales dans toutes les dimensions de leurs métiers et de leurs modèles économiques.

En continuité avec ce thème, celui des Entretiens Enseignants Entreprises 2022, « Environnement, climat, biodiversité : nos sociétés sont-elles compatibles avec la transition environnementale ? », représente une nouvelle opportunité de nous interroger mutuellement, enseignants comme entreprises, à propos des grands enjeux contemporains et des meilleures manières d’y préparer les nouvelles générations.

Une société n’est pas une réalité statique. S’il est vrai que tout dans notre économie et dans nos usages n’est pas encore pleinement tourné vers l’amélioration de notre empreinte environnementale, la transformation est possible. Elle est d’ailleurs déjà authentiquement entamée et largement à notre portée.

Cependant, il est clair que rendre plus propres nos pratiques de production, de consommation ou encore de construction, afin de préserver la biodiversité et de réduire les pollutions, demandera beaucoup de travail, et certainement du temps. Comment s’y prendre ?

Le premier enjeu, c’est la volonté. Cela signifie, dans chaque entreprise, faire l’inventaire des problèmes à résoudre et mettre en œuvre avec détermination les solutions. Beaucoup existent déjà, d’autres sont à mettre au point.

Le second enjeu, dans la plupart des secteurs, c’est donc l’innovation. Dans le domaine de Veolia, par exemple, nous connaissons une bonne moitié des solutions techniques nécessaires pour améliorer et généraliser le traitement des déchets, la gestion de l’eau, l’efficacité énergétique des industries et des bâtiments, le recyclage des matières premières, et développer l’économie circulaire. Une petite moitié reste à inventer, ce qui est par ailleurs enthousiasmant.

Travailler plus proprement aura ainsi nécessairement un coût. Même si c’est difficile dans une période où nous voyons grandir les problèmes de pouvoir d’achat, il faut reconnaitre que dans certains domaines, le coût des biens et services augmentera. Mais corrélativement, la transformation des modes de production et de consommation est également génératrice de nouveaux emplois, tant il est vrai que produire mieux, et de manière plus circulaire, nécessite un surcroît de travail.

Pour que ces évolutions soient techniquement possibles, économiquement viables et socialement acceptées, il est donc indispensable que trois conditions, au moins, soient réunies.

Il faut, premièrement, miser davantage sur les entreprises. L’État ne peut pas tout, tout seul. Si nous voulons des innovations nombreuses et les généraliser de manière pérenne, il faut l’aide des entreprises et de l’économie de marché. Ceci n’est pas contradictoire avec le fait d’inciter les entreprises à poursuivre le travail entamé depuis plusieurs années pour mieux prendre en compte, dans la gouvernance, les objectifs et l’organisation, les intérêts de toutes leurs parties prenantes, des salariés aux clients, en passant par les investisseurs, les fournisseurs et les territoires.

La seconde condition, c’est la responsabilisation des acteurs. Faire confiance aux entreprises sera d’autant plus efficace si elles disposent d’un cadre clair pour les inciter à agir de manière autonome. C’est tout l’intérêt du principe pollueur-payeur, encore trop peu exploité aujourd’hui. Pour généraliser les comportements vertueux, il faut que polluer coûte plus cher que ne pas polluer. Si polluer coûte plus cher, les comportements de tous les acteurs économiques vont s’aligner rapidement. Il y a d’autres manières de trouver des moyens que les impôts pour financer les transformations de notre appareil de production.

Nul doute que nos concitoyens sont favorables à ce que les entreprises se comportent de manière responsable. Mais, il y aura un impact à la hausse sur les prix. Car préserver l’environnement coûte plus cher que de polluer. Cette réalité incontournable introduira donc, d’une part, la nécessité d’un choix positif du consommateur et, d’autre part, d’une cohérence de marché. Pour éviter le dumping écologique, il faut que les produits et services qui sont autorisés à rentrer dans notre espace économique soient soumis à la même exigence que ceux qui y sont produits. Si un produit n’a pas été produit dans les mêmes règles, il doit s’acquitter d’une redevance : c’est le principe de la taxe carbone aux frontières. La mise en place progresse, lentement mais sûrement, au niveau européen.

La troisième condition de succès de la transformation environnementale, consiste donc à s’organiser en amont afin d’accompagner les plus modestes face à l’impact inévitable sur leur pouvoir d’achat. Sur ce point, ce sont aux pouvoirs publics de bâtir les réponses, peut-être en partie avec les revenus issues de la redevance carbone.

Les difficultés de notre économie et de notre société sont réelles, mais elles recèlent de nombreuses opportunités que nous devons saisir, chacun à notre niveau.

Beaucoup en sont conscients et cherchent à s’investir, notamment les jeunes générations que le monde enseignant accompagne, et que les entreprises se chargent d’intégrer à la vie active.

Pour accompagner cette dynamique, notre association va accroître, dans le cadre du Programme Enseignants-Entreprises, le soutien qu’elle apporte au monde enseignant, notamment en renforçant les outils d’aide à l’orientation professionnelle du site Melchior.fr, qui est consacré à l’enseignement de l’économie et de l’entreprise.

C’est sur cette note d’optimisme que je souhaite réitérer à tous mes meilleurs vœux pour une rentrée réussie, en espérant vous rencontrer nombreux dans les événements de l’Institut de l’Entreprise au cours des prochains mois.

Antoine Frérot
Président de l'Institut de l'Entreprise
Président de Veolia

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