Retour

Janvier 2010

 

Conclusions du groupe de travail présidé par  Daniel Bouton, président d'honneur de la Société Générale, et Philippe Carli, président de Siemens France, dans le cadre du chantier de l'Institut de l'entreprise sur l'entreprise de l'après-crise.

Dans le long processus de déclin du colbertisme, accéléré par la construction européenne et le décloisonnement des marchés, la crise actuelle semble marquer une rupture. À la suite du choc d'une extrême violence qui a frappé l'économie mondiale à l'automne 2008, la sphère publique est en effet intervenue de façon massive pour rétablir la confiance sur les marchés financiers ; elle a également engagé une action importante de soutien conjoncturel à l'économie, à travers les plans de relance. Ce faisant, l'interventionnisme public a regagné dans l'opinion une légitimité qu'il avait largement perdue.

Cet apparent retour en force de la sphère publique mérite pourtant d'être doublement nuancé : l'absence d'une doctrine d'intervention rénovée et le mur de la contrainte budgétaire en marquent les limites. Dès lors, pour anticiper ce que seront dans dix ans les relations entre la sphère publique et les entreprises, il convient de dépasser l'horizon des plans de relance et de réévaluer l'importance de tendances de long terme plus structurantes, telles que le vieillissement démographique, le basculement vers les pays émergents du centre de gravité de l'économie mondiale ou encore la montée en puissance des facteurs immatériels dans les processus de spécialisation productive.

Le jeu combiné de ces tendances de long terme permet d'esquisser ce que pourrait être un nouveau modèle de croissance pour la France et l'Europe de 2020, fondé sur une réorientation de notre spécialisation productive, l'exploitation à grande échelle de l'innovation et l'intégration des contraintes du développement durable. Le cheminement vers ce nouveau modèle crée au moins trois défis : l'accompagnement du redéploiement vers des secteurs d'avenir, la fluidification de la transition des secteurs matures et l'insertion de la France dans un environnement concurrentiel bouleversé par la montée en puissance de nouveaux acteurs. Ces trois défis supposent, pour être relevés, que la sphère publique et les entreprises agissent de concert, dans le cadre d'un partenariat rénové.

Ce rapport a fait l'objet d'une présentation à la presse le 20 janvier 2010.

Retour