L’Italie de Mario Monti : la réforme au nom de l’Europe

Février 2013
L’Italie a fait de la contrainte de l’intégration européenne le principal levier d’une stratégie de croissance permettant de sortir de son surendettement et de sa sous-productivité. C’est le sens de l’appel à Mario Monti pour diriger le gouvernement consécutif à l’épuisement, fin 2011, de la crédibilité politique de Silvio Berlusconi et de sa majorité, tant vis-à-vis de l’opinion publique que des partenaires européens de l’Italie.
Comme le souligne Alain Fabre, Mario Monti incarne une véritable rupture dans la vision qu’a l’Italie d’elle-même. Cette dernière s’est engagée dans un processus de mutation tournant le dos au « capitalisme de connivence » et substituant la concurrence à la distribution de rentes publiques. Avec l’euro qui interdit les facilités de la dévaluation – avant tout un moyen de ponctionner du pouvoir d’achat par le renchérissement du coût des importations – l’Italie de Monti a fait de la compétitivité le cœur de sa stratégie de croissance.
À cet égard, bien plus que l’Allemagne – toujours soupçonnée d’être tellement exceptionnelle qu’elle est inimitable – l’Italie de Mario Monti constitue un véritable banc d’essai pour étalonner les politiques de réformes et les stratégies de croissance des États de la zone euro. La France aurait tort de ne pas prêter attention à ces efforts. Le degré de réussite des réformes entreprises au-delà des Alpes pèsera en effet lourd dans la manière dont notre pays se sentira conforté dans sa stratégie de croissance par la dépense publique, ou au contraire blâmé pour les risques de déstabilisation qu’il fait peser sur ses voisins.

Image par thumprchgo de Pixabay