Le professeur d'économie à MINES ParisTech, Dauphine PSL et UM6P (Maroc) constate que nous assistons à la compétition entre deux modèles : un capitalisme anglo-saxon très globalisé et le capitalisme mercantiliste chinois contrôlé par l'État. Il plaide pour que l'Europe se dote d'une politique économique extérieure s'inspirant de celle de la Chine. 

SOCIÉTAL - Vous avez publié le livre Les Globalisations Émergences et Fragmentations aux Éditions Sciences Humaines en mai 2018. Pourquoi préférez-vous le mot « globalisations » au terme mondialisation ? 

Pierre-Noël Giraud - Le terme « mondialisation » a l’inconvénient de laisser entendre que nous tendons vers une « économie mondiale » unique où, pour reprendre le titre d’un essai du journaliste américain Thomas L. Friedman, le monde serait « plat ». Le monde n’est certainement pas devenu « plat ». Il n’en prend nullement le chemin. 

La circulation des biens, des services et des capitaux est devenue de plus en plus libre pendant la phase libérale mais il demeure des obstacles, tout particulièrement à la circulation des hommes. Le monde reste constitué de territoires, séparés par des frontières et sous la souveraineté d’états qui contrôlent ces frontières. Si bien que tout le monde, loin de là n’est pas directement affecté, en bien comme en mal, par les globalisations. 

Quelles sont les caractéristiques des globalisations ? 

Le mouvement qui s’est déployé depuis les années 80, est caractérisé par trois globalisations : la globalisation des firmes, la globalisation de la finance et la globalisation numérique. Ce triple processus engendre de multiples fragmentations. Il morcelle le monde. 

La mondialisation a aussi permis à des pays de se développer et d’améliorer le niveau de vie de leur population… 

Les globalisations ont permis l’émergence de la Chine, de l’Inde dont le développement économique est plus lent que celui de la Chine. Elles permettront demain, espérons-le, celui de l’Afrique qui comptera 2,5 milliards d’habitants dès 2050 et 4 à 5 milliards d’habitants en 2100. 

Les globalisations, en particulier des firmes et numériques, permettent en effet des transferts rapides et puissants de technologies et de la ressource productive fondamentale qui est la connaissance. Mais elles provoquent aussi des fragmentations. L’Amérique latine et le Moyen-Orient n’arrivent pas à rattraper les pays de l’OCDE en termes de PIB moyen par habitant. 

La transformation des systèmes financiers est-elle la globalisation qui a eu les conséquences les plus importantes ? 

Il s’agit sans doute de la transformation structurelle la plus profonde engendrée par la phase libérale de la mondialisation économique. N’importe quelle firme qui a recours aux marchés financiers se voit impitoyablement comparée à toutes les autres par les investisseurs institutionnels. Si elle ne présente pas le même niveau de rentabilité pour ses actionnaires que d’autres entreprises de niveau de risque équivalent, ses dirigeants sont sommés de s’en expliquer et de redresser la barre au plus vite, ou de subir une dépréciation rapide des actifs financiers que la firme a vendus. 

Quelle est la stratégie des firmes globales ? 

Les firmes globales localisent leurs activités de plus en plus strictement en fonction des avantages que tel territoire, telle ville présente à leurs yeux pour tel genre d’activité. Elles mettent en compétition les territoires sur toute la planète pour décider où elles localisent des emplois que je qualifie de « nomades ». Elles engendrent donc une compétition généralisée entre les territoires pour les attirer. 

Les emplois nomades sont-ils de plus en plus nombreux dans toutes les régions du monde ? 

Les globalisations ne touchent qu’une couche limitée de la population mondiale. Environ 20%. Le nombre d’emplois nomades a diminué depuis 40 ans en Europe, même en Allemagne et aux États-Unis, car de nombreux emplois nomades ont été délocalisés en Chine. 

Les emplois nomades sont donc minoritaires partout. La différence, c’est que leur part dans la population active a diminué en Europe et aux États-Unis, a augmenté en Chine et stagne en Afrique. 

Il existe encore des emplois protégés de la mondialisation… 

Oui, partout, les emplois protégés de la compétition internationale directe sont les plus nombreux. Je les appelle les emplois sédentaires. Ils concernent environ 80% de la population mondiale. 

En Europe et aux États-Unis, les travailleurs nomades sont-ils de plus en plus qualifiés ? 

Les nomades qui vivent en Europe et aux États-Unis sont désormais des personnes qualifiées et compétitives. Ils ont creusé l’écart en termes de revenus et de richesses avec les sédentaires. 

Les Français sont-ils majoritairement des « sédentaires » ? 

La grande majorité des Français sont des « sédentaires » produisant des biens et services locaux qui ne sont en compétition qu’entre eux. 

Entre 1999 et 2015 la proportion d’emplois nomades est tombée de 27,5 à 23,6%. Ces salariés et travailleurs indépendants sont en concurrence avec des emplois qui peuvent être situés en Chine, en Allemagne ou en Italie. Les nomades travaillent dans l’agriculture, l’industrie manufacturière et désormais pour plus de la moitié dans les services exportables, dont le tourisme. 

Les nomades et les sédentaires vivent-ils dans les mêmes territoires ? 

Les nomades vivent dans des réseaux de villes globales qui communiquent intensément entre elles. Les sédentaires se rassemblent dans des « hinterlands », des territoires situés autour des villes où les nomades sont installés. Ces zones sont de plus en plus déconnectées des villes globales. Elles sont handicapées par le vieillissement des infrastructures et le manque d’équipements. Cela contribue à fragmenter les territoires. 

Pourquoi les inégalités s’accroissent-elles entre les « nomades » et les « sédentaires » ? 

Les revenus des sédentaires dépendent de ceux des nomades situés sur le territoire. Plus les nomades y sont riches et nombreux, plus ils achètent des produits et des services locaux aux sédentaires dont les revenus augmentent. 

Mais quand les nomades deviennent moins nombreux, ceux qui ont perdu leur emploi grossissent les rangs des sédentaires. Résultat, les nomades qui restent, commandent moins de biens et de services à des sédentaires plus nombreux, qui donc s’appauvrissent. 

La mondialisation permet-elle à tous les hommes et femmes de gagner leur vie en travaillant ? 

« La misère d’être exploitée par les capitalistes n’est rien comparée à la misère de ne pas être exploitée du tout. », affirmait Joan Robinson en 1962 [1]. Les « damnés de la terre » étaient aux XIXème et XXème siècles les colonisés et les surexploités. Au XXIème siècle, ce sont ce que j’appelle les « hommes inutiles ». 

Les « hommes inutiles » sont-ils de plus en plus nombreux ? 

Les hommes inutiles sont les hommes et les femmes qui ne sont pas intégrés dans le système économique, contre leur gré. Dans les pays du sud, ce sont les paysans sans terre ou exploitant peu de terres, les habitants des bidonvilles ne parvenant pas à vivre du secteur informel et dépendant donc de l’assistance de tiers. 

Dans les pays riches, il s’agit des chômeurs de longue durée, des préretraités qui pourraient encore travailler, des jeunes sans qualification qui n’arrivent pas à trouver un emploi, des « working poors » et des personnes qui enchaînent des emplois précaires sans avoir l’espoir de faire progresser leur qualification, de celles et ceux qui ne se présentent plus sur le marché de l’emploi. 

Leur nombre s’est accru dans tous les pays riches. Dans l’ensemble de l’OCDE, les inactifs dans la population masculine entre 25 et 54 ans, ceux qui ne se présentent plus sur le marché du travail, par exemple, ont plus que doublé entre 1990 et 2015, passant de 10,5 millions à 22,3 millions. 

La mondialisation est accusée d’accroître les inégalités. Pourquoi le débat sur les inégalités est-il devenu aussi important ? 

Pour des raisons psychologiques. Les individus perçoivent beaucoup mieux les richesses relatives, c’est-à-dire les inégalités, que l’évolution dans le temps de la richesse absolue. Au-delà d’un certain niveau de consommation qui satisfait les besoins fondamentaux en matière de nourriture, logement, santé et déplacements, on se perçoit riche ou pauvre essentiellement par rapport aux autres. 

À titre d’illustration du caractère relatif des notions de richesse et de pauvreté, Dalton Conley [2], citant un sondage, rapporte qu’à la question : « Quand vous constatez que d’autres personnes ont beaucoup d’argent, est-ce que vous vous sentez pauvres ? », c’est le groupe des gens gagnants plus de 200 000 dollars par an qui donne le plus fort pourcentage de réponses positives ! 

Vous affirmez que l’économie mondialisée peut fonctionner avec un milliard d’hommes inutiles… Est-ce inéluctable ? 

C’est un choix qui relève des États. La France peut-elle vivre avec des personnes inutiles de plus en plus nombreuses ? C’est possible à condition que la société leur donne du pain. Aucune société ne peut laisser des personnes mourir de faim délibérément. C’est pourquoi le débat est ouvert pour savoir s’il faut passer du RSA au revenu universel. 

Que feront ces nouveaux assistés vivant des aides publiques ? 

L’Europe et les États-Unis risquent fort de revenir aux pratiques de l’empire romain. Les États négocieront avec les firmes globales du numérique pour organiser des jeux, car l’oisiveté est la mère de tous les vices et des révoltes de la plèbe. 

Élection de Donald Trump dont le slogan est « America First ». Affrontements commerciaux entre les États-Unis et la Chine. Retour de l’État interventionniste. Montée en puissance des partis populistes. Brexit. Est-ce la fin de la mondialisation ? 

Le cycle des réformes libérales lancé dans les années 80 par Ronald Reagan s’est terminée avec l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le président Donald Trump a pris au sérieux l’hémorragie d’emplois nomades aux États-Unis. Il veut les faire revenir sur le territoire américain et il veut que les firmes chinoises cessent de piller les technologies américaines. Ces objectifs sont compréhensibles. Reste à savoir si les moyens sont les bons. Personnellement, je ne crois pas que la politique de Donald Trump soit efficace pour ramener des emplois dans les états du Midwest où il compte de nombreux électeurs. 

Les politiques protectionnistes ne sont plus efficaces…

Le protectionnisme classique, fait de taxes douanières et d’obstacles non tarifaires, n’est plus adapté à la structure de l’économie mondiale, à l’éclatement des chaines de valeur qu’a permis la globalisation numérique et qu’exploitent les firmes globales. 

Mais Trump a donné le signal que les globalisations entrent dans une nouvelle phase, que je qualifie de mercantiliste. L’objectif d’une politique mercantiliste doit être d’attirer les emplois nomades dans les territoires en imposant un contenu local pour accéder au marché local. Les emplois nomades sont l’équivalent de « l’or » des mercantilistes du XVIIème siècle. 

La Chine va-t-elle devenir la première puissance mondiale au détriment des États-Unis ? 

Le capitalisme américain est entré dans une période de déclin. La Chine est arrivée à parité technologique avec les États-Unis. L’Inde va devenir le pays le plus peuplé du monde. Le sous-continent indien comptera presque autant d’habitants que l’Afrique en 2050. Il va développer son propre capitalisme. 

L’économie mondiale va-t-elle être dominée par le duopole Chine-États-Unis ? 

Nous allons assister à une compétition entre deux modèles : le capitalisme anglo-saxon très globalisé et le capitalisme mercantiliste chinois contrôlé par l’État qui veut mettre en place un système industriel à la pointe dans tous les secteurs technologiques. Des firmes chinoises à vocation globale, mais contrôlées par l’État vont entrer dans le jeu. Ce qui peut être favorable à l’Europe, si elle sait jouer de cette compétition. 

L’Europe est-elle menacée d’éclatement après le départ de l’Angleterre de l’Union Européenne ? 

Les Européens sont à la croisée des chemins. Ils font face au Brexit, à la crise migratoire, à la menace de dissidence des pays de l’Est. 

Quels sont les scénarios possibles ? 

L’Europe peut connaitre un éclatement. Des régions comme la Catalogne peuvent faire sécession. Un pays comme l’Écosse peut réclamer à nouveau son indépendance. Chacun de ces acteurs est tenté par le modèle Singapour. Dans un monde dominé par la compétition USA-Chine, une région, une grande ville même, peut décider de se spécialiser dans un domaine nomade d’excellence et de se séparer des travailleurs sédentaires des régions les plus pauvres d’un territoire plus vaste. Autre voie possible : les grands pays fondateurs de l’Europe que sont la France et l’Allemagne forment un noyau avec la péninsule Ibérique, l’Italie et certains pays nordiques. Ce noyau met en place une quasi-fédération qui signe des accords avec un premier cercle de pays : l’Europe de l’Est et des Balkans, l’Angleterre sur le modèle du Mexique avec les États-Unis. 

L’Europe peut-elle s’affirmer face à la Chine ? 

L’Europe doit se doter d’une politique économique extérieure face au mercantilisme croissant du duopole États-Unis-Chine. Elle doit absolument s’organiser pour rester et devenir sur ses points faibles une puissance technologique et industrielle comment l’a fait la Chine, favoriser ses propres jeunes pousses et consolider ses firmes déjà globales, sans les soustraire pour autant à la compétition, un équilibre difficile. Elle doit poser ses conditions pour l’accès à son marché et attirer les investissements et la création d’emplois nomades par les firmes américaines et chinoises. 

Comment convaincre les Chinois d’investir en Europe ? 

L’Europe doit adopter la politique que la Chine a imposée aux firmes globales qui voulaient s’attaquer au marché chinois et profiter des avantages du territoire chinois. L’exemple le plus célèbre est Airbus. Les Chinois lui ont ouvert leur marché à condition qu’Airbus produise sur place une partie, y compris l’assemblage final, des avions destinés au marché chinois. Cette stratégie a réussi à Airbus puisqu’il est devenu le premier constructeur aéronautique mondial. 

Les Européens peuvent demander au groupe aéronautique chinois COMAC qui construit et a fait certifier un concurrent de l’A320, le C919, que xx% à négocier de la valeur ajoutée des C919 qui atterrissent en Europe, soit réalisée en Europe à Toulouse ou à Hambourg. Ils le peuvent d’autant plus que COMAC travaille déjà avec des équipementiers partenaires d’Airbus pour l’A320. 

Est-ce autorisé par les traités commerciaux ? 

Nos traités actuels l’interdisent mais les Chinois et par d’autres moyens les Américains se l’autorisent et l’Europe doit réagir. 

Quels sont les atouts des États-Unis à long terme ? 

Les États-Unis restent la zone la plus attrayante pour les meilleurs cerveaux du monde entier même si les Chinois les concurrencent dans ce domaine. 

Les grands atouts des Américains sont leurs firmes numériques et leurs universités qui sont des pôles d’excellence mondiale. 

Le MIT, Harvard, Stanford seront de plus en plus attrayants. Ce qui va devenir un véritable problème pour l’Europe. Mes meilleurs étudiants partent aux USA et beaucoup ne reviennent pas. 

Les États-Unis peuvent-ils être vainqueurs de l’affrontement commercial avec la Chine ? 

Les Chinois ont extraordinairement bénéficié du libre-échange. Ils sont prêts à la guerre commerciale. Ils la gagneront et pourront affirmer ainsi une redoutable indépendance technologique totale. Forcer les firmes numériques, aéronautiques, spatiales, etc. chinoises à l’autonomie, c’est une lourde pierre que les Américains soulèvent et qui leur retombera sur les pieds, n’ayons aucun doute là-dessus. 

La Grande-Bretagne de l’après Brexit est-elle tentée de tourner le dos à l’Europe ? 

Les accords signés entre la Grande-Bretagne et l’Europe seront donc essentiels. La difficile négociation du Brexit n’était rien à coté. Les Européens n’ont pas intérêt à tout casser avec la Grande-Bretagne. Mais celle-ci, l’Angleterre plus précisément, peut vouloir tenter un modèle Singapour collé à l’Europe comme une sangsue, ce qui susciterait d’autres vocations et pourrait faire éclater l’Europe. 

L’Angleterre va-t-elle choisir le modèle Singapour ? 

L’Angleterre possède avec la City un secteur nomade compétitif. Elle peut décider de développer ses emplois nomades qui exporteront leur savoir-faire avec à côté un secteur sédentaire dérégulé aux salaires bas. 

Les États sont-ils capables de lutter contre le réchauffement climatique ? Les entreprises possèdent-elles les solutions ? 

La transition climatique est un phénomène qui doit être traité au niveau des États. C’est à eux de mettre en place des politiques spécifiques. 

Comment mettre d’accord les pays pauvres et les pays développés ? 

C’est un sujet très difficile car les pauvres des pays pauvres et des pays riches ne peuvent pas admettre que les États leur demandent de consommer moins pour polluer moins. Les mouvements des bonnets rouges et des gilets jaunes l’ont montré. 

Les pays pauvres ne peuvent pas non plus accepter que les pays riches leur proposent de consommer moins. La question climatique ne peut donc être traitée que si on réduit en même temps les inégalités, tant internationales que sociales. Désormais, tout le monde le sait. 

Est-il possible de réduire en même temps les inégalités et d’organiser la transition climatique ? 

Les tendances actuelles sont inquiétantes mais il est possible de trouver des solutions. 

En Europe et aux États-Unis, les dirigeants d’entreprises, d’établissements financiers, de fonds d’investissement multiplient les déclarations en faveur d’un capitalisme responsable et de la transition climatique… 

Les entreprises affirment leur responsabilité sociale et environnementale pour montrer aux opinions qu’elles se soucient de ce que recommandent les scientifiques. Elles le font par souci de bonne gestion, pour obtenir une meilleure adhésion de leur personnel, une meilleure coopération de leurs partenaires et de leurs parties prenantes, pour améliorer leur image auprès des consommateurs. Il y a beaucoup de communication dans ces déclarations qui, au delà de la démonstration que l’entreprise applique bien les règlementations en vigueur, sont une forme de « greenwashing » ou de « socialwashing ». 

Les actions des États sont donc essentielles… 

Au « green washing » de certaines firmes, il ne sert à rien de répondre par le « firm bashing » des entreprises « brunes ». Par exemple, les banques qui financent des mines de charbon et les centrales à charbon qui à la fin apportent tout de même de l’électricité dans les slums de Mumbai. Leurs habitants doivent-ils s’en passer, ou la payer trois fois plus cher parce qu’elle est verte, tandis que les riches climatisent à 20° des palais de 20 pièces en pleine mousson, alors qu’ils sont en villégiature dans l’Himalaya ? Les actions gouvernementales sont indispensables pour orienter le comportement des entreprises dans le domaine environnemental et dans la réduction des inégalités. C’est une illusion totale de croire que la finance, qui est dans le court terme et ne manipule que les actifs les plus liquides possibles, puisse de sa propre initiative financer la transition énergétique qui est un enjeu de long terme. 

Les banques attendent de connaître les nouvelles réglementations sur les investissements « verts » et les investissements « bruns ». 

Aujourd’hui les grands groupes ont des activités « vertes» et des activités « brunes ». C’est par exemple le cas de Total et de PSA. Comment les distinguer ? Faut-il et comment augmenter le coût de leur financement ? Ne vaut-il pas mieux agir par taxes et subventions ? 

Les banques attendent donc que les états prennent des décisions réglementaires pour évaluer les risques et prendre des initiatives. Et toutes les entreprises font de même, l’arme au pied. 

Les décisions doivent-elles être prises au niveau de chaque état ou de l’Union européenne ? 

Dans de nombreux domaines, il n’est pas nécessaire de prendre des décisions au niveau européen. L’Allemagne a décidé de développer le solaire et l’éolien. La France reste fidèle au nucléaire. Les deux pays visent les mêmes objectifs. Un état peut prendre des mesures pour encourager la rénovation thermique des bâtiments sans qu’une taxe européenne sur l’énergie soit mise en place. Ou limiter la vitesse sur les autoroutes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

Les décisions doivent-elles être prises au plus près des besoins des citoyens ? 

La COP 21 est un cadre général qui fixe des objectifs communs aux Européens. Mais pour être efficace, il faut décentraliser les décisions au niveau adéquat, jusqu’aux PME, aux mairies et aux citoyens. 

 

[1]. J. Robinson, Philosophie économique, traduction B.Stora, Gallimard, 1967. 

[2]. Article du New York Times du 2 septembre 2008 : « Rich Man’s Burden ». 

Propos recueillis par Yann Le Galès

Retrouver une biographie de Pierre-Noël Giraud : ICI

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