Plus qu’une technologie novatrice, l’Intelligence Artificielle est l’une des clés du monde à venir, promesse de révolutions technologiques, économiques, sociales et éthiques ; mais surtout, enjeu majeur de souveraineté. À l'heure où les États-Unis et la Chine sont déjà pleinement lancés dans une course hégémonique pour sa maîtrise, la France a affiché sa volonté de devenir l’un des leaders de l’IA et de faire de son développement une priorité stratégique. Le confinement actuel n’a pas remis en cause ces enjeux, comme il n’a pas empêché la sortie récente d’« Objectif IA », un MOOC pour former les Français aux opportunités et défis de l’IA, technologie aussi connue qu’incomprise, suscitant autant de fantasmes que de craintes. Issue d’une collaboration entre l'Institut Montaigne, le spécialiste de la pédagogie en ligne OpenClassrooms et la Fondation Abeona, cette formation en ligne s’adresse à tous et n’exige aucun prérequis.

Le 2 avril dernier, en plein confinement, est sorti « Objectif IA », un MOOC* qui vise à former les Français aux opportunités et défis de l’Intelligence Artificielle (IA), cette technologie dont tout le monde parle, que peu de gens comprennent et qui suscite craintes et fantasmes. Issue de la collaboration entre l'Institut Montaigne (think tank indépendant), le spécialiste de la pédagogie en ligne OpenClassrooms et la Fondation Abeona, cette formation en ligne ambitionne d’atteindre 1% de la population française soit 670 000 personnes, du jeune adolescent au retraité. Le cours se veut généraliste et n’exige aucun prérequis.

À l'heure où les États-Unis et la Chine sont déjà pleinement engagés pour maîtriser cette technologie de rupture, la France a affiché une volonté politique de devenir leader en matière d’IA et de faire du développement de cette technologie une priorité stratégique. Bien plus qu’un domaine de recherche, l’IA est l’une des clés du monde à venir. Elle promet des révolutions technologiques, mais aussi économiques, sociales et éthiques. Elle est un enjeu fort de souveraineté.

Comme toute technologie, l’IA suscite craintes et fantasmes. Des peurs parfois démesurées du remplacement de l’humain par l’IA, des pertes massives d’emplois et de la disparition de pans entiers de l’économie. Elle soulève aussi des questions éthiques liées aux systèmes de prise de décision automatiques (neutralité des algorithmes, absence de biais, transparence et explicabilité), à l’utilisation des données privées, à l’inclusion numérique ou à la surveillance. Autant de sujets qui impactent la vie de millions de citoyens, consommateurs et salariés.

Mais au-delà de ces craintes légitimes ou exagérées, l’IA, dans sa logique de destruction créatrice, ouvre tout un champ des possibles, qui peut transformer notre quotidien, nos entreprises et nos métiers. Comme pour toute technologie, son usage vertueux peut contribuer au bien commun et rendre plus efficaces les politiques publiques par diverses applications d’intérêt général, que ce soit dans des domaines comme la formation continue (anticipation des besoins, individualisation des parcours, etc.) ou de la santé (politiques de prévention, aide à la prise de décisions médicales, etc.).

La France présente de nombreux atouts pour se positionner parmi les leaders, avec une excellence reconnue en mathématiques et en informatique. De nombreux responsables de la recherche en IA pour les plus grandes entreprises du numérique sont aujourd’hui français. Mais pour engager cette révolution et se saisir réellement des opportunités qu’elle offre, l'IA doit inspirer confiance aux consommateurs, usagers et aux citoyens français. Et les enjeux sont de taille: risque de voir des marchés trop opaques, ou considérés comme tels, s'effondrer, si des consommateurs ou citoyens rejettent des décisions qu'ils ne comprennent pas ; risques d’une défiance croissante à l’égard des entreprises ou des États qui utilisent ces technologies. 

Si l’IA se doit d’être explicable et transparente, il convient aussi de familiariser les citoyens à cette technologie par un effort de pédagogie. C’est toute l’ambition d’« Objectif IA » qui selon Pierre Dubuc, fondateur d’OpenClassrooms, présente un « parcours interactif inédit » qui « accompagne le citoyen dans la découverte et la compréhension d’une technologie qui pourrait changer le monde, à condition d’être correctement comprise et utilisée à bon escient. L’IA nous permettra de relever certains défis de demain, elle implique également pour chacun d’anticiper l’arrivée de nouveaux métiers, d’apprendre à protéger ses données et de s’informer pour développer un avis critique sur ses enjeux éthiques. Alors que les Français sont confinés chez eux, nous souhaitons leur donner accès à tout cela ».

Le comité de pilotage d’« Objectif IA » a réuni une cinquantaine d’acteurs publics et privés, dont La Poste, Orange, la Gendarmerie nationale ou encore Pôle emploi. Chacun des partenaires s’est engagé à diffuser largement le module auprès de ses clients et employés, afin de toucher un grand nombre de personnes. Cette période de crise sanitaire révèle l’utilité d’« Objectif IA », projet éducatif, inclusif tourné vers l’avenir, fruits des synergies entre trois partenaires engagés.
 

* MOOC : acronyme de Massive Open Online Courses ou cours en ligne ouverts. Pour en plus, la note de l’Institut de l’Entreprise « Les MOOCs, révolution ou désillusion » par Lucien Rapp, professeur à la faculté de Toulouse : ICI

 

Pierre Dubuc est le Co-fondateur d'OpenClassrooms, auditeur de la Session Annuelle 18 au sein de l'IHEE. Avec Mathieu Nebra, il a créé le précurseur d'OpenClassrooms en 1999 à l'âge de 11 ans. Il est aujourd'hui le président d'OpenClassrooms, la 1ère plateforme d'éducation en ligne leader en Europe. En 2016, Pierre figurait parmi le classement « 30 under 30 » de Forbes.

 

Retrouvez l’édito de Pierre Dubuc quand la Quotidienne des Entreprises en Action: ICI

Suite à son édito dans Parole de dirigeant, Pierre Dubuc revient pour #NationApprenante sur la façon dont OpenClassrooms s’est adapté pour poursuivre sa mission – assurer que chacun, indépendamment des circonstances individuelles, ait accès à une éducation de qualité, abordable – rendue plus essentielle encore aujourd’hui.

OpenClassrooms s'engage dans la continuité pédagogique

Institut  de  l’Entreprise - OpenClassrooms est une « entreprise à mission ». Quelle est sa mission ? Comment la mettez-vous en œuvre ?

Pierre Dubuc - En 1999, mon associé Mathieu et moi, alors âgés de 11 et 13 ans, nous lançons notre premier cours de programmation en ligne, né de la frustration de n’avoir trouvé aucun livre accessible aux débutants pour apprendre à créer un site web. Dès le début, l’objectif est de rendre accessible un savoir complexe.

OpenClassrooms devient une startup en croissance en 2013 et se distingue par son souhait d’aider le plus grand nombre à se réaliser à travers des parcours professionnels en ligne avec les attentes des entreprises. OpenClassrooms propose aujourd’hui des parcours diplômants en ligne à plus de 3 millions d’étudiants chaque mois à travers le monde.

Même si elle est implicite depuis le début en 1999, la mission n’a été formulée il n’y a que quelques années. Ensuite, nous l’avons incluse dans nos statuts et notre pacte d’actionnaires lors de notre levée de fond de 2018. Notre mission est de rendre l’éducation accessible, partout dans le monde.

Notre mission devient notre étoile polaire. Chaque décision, nous la considérons au regard de la façon dont elle sert notre mission : assurer que chacun, indépendamment des circonstances individuelles, ait accès à une éducation de qualité, abordable.

Pour mesurer notre capacité et mener à bien notre projet, nous nous sommes dotés d'un comité d’impact, dont le premier audit est attendu pour ce printemps. Des mesures d'impact quantitatives et qualitatives ont été établies, comme le nombre d'étudiants qui décrochent un emploi à l'issue de leur formation en ligne. Le comité d’impact est aussi le garant à long terme de la bonne exécution de la mission, c’est le gardien du temple.

 

Avez-vous dû adapter votre activité en cette période de confinement ?

Au niveau organisationnel, nous avions anticipé la mise en place de mesures de confinement.

En voyage à Seattle, il y a cinq semaines, pour rencontrer mes partenaires, l’un de mes rendez-vous avait été annulé après la contamination d’un des employés de l’entreprise que j’allais rendre visite. Je suis rentré en France quelques jours avant la fermeture des frontières. J’ai senti que le vent allait tourner. De retour à Paris, j’ai progressivement généralisé le télétravail. Notre activité se fait entièrement en ligne donc tout est dématérialisé au sein de l’entreprise.

Le recours au télétravail se passe très bien. Ça ne change pas du quotidien pour certains employés, qui collaborent déjà à 100 % depuis chez eux.

L’équipe d’OpenClassrooms est aujourd’hui pleinement mobilisée pour assurer la continuité pédagogique.

 

OpenClassrooms a décidé d’ouvrir gratuitement son catalogue de cours à plus de 1000 établissements d’enseignement supérieur et de formation professionnelle, en France et à l’étranger, qui ont été contraints de fermer à la suite de la crise sanitaire. Pouvez-vous nous expliquer ce dispositif et ses objectifs ?

Depuis le 16 mars, les 600 cours en ligne de notre plateforme ainsi que ses outils de contrôle et de suivi de l’acquisition des compétences sont ouverts à tous les établissements d’enseignement supérieur, publics ou privés, les CFA, les IUT et les organismes de formation. Le dispositif prévoit également la possibilité de se faire accompagner par les conseillers d’ OpenClassrooms. Nous avons également développé des webinaires pour aider les professeurs et formateurs à s’approprier ces outils digitaux.

Depuis, ce sont 2 000 établissements qui se sont saisis de la plateforme pour 200 000 étudiants.

Parmi les thématiques proposées, certaines couvrent des champs particulièrement stratégiques à l’heure du confinement. Nous proposons des cours à l’attention des formateurs autour de la conception de formations à distance et, à l’attention de tous ceux qui télétravaillent, l’utilisation des outils numériques pour communiquer ou encore l’autonomie au travail. Nous mettons également à disposition des étudiants des méthodes pour apprendre à apprendre ou encore des clés pour favoriser leur l’insertion professionnelle.
 

Les cours en ligne sont une opportunité de démocratisation de l’enseignement et de la formation mais présentent aussi des limites par rapport au cours en présentiel. Comment y remédiez-vous chez OpenClassrooms ? Quelle est votre vision sur ce sujet ?

Ce confinement, c’est le moment de l’éducation en ligne : c’est le moment où nos enseignants ont la possibilité de sortir par le haut de l’injonction contradictoire que représente la continuité pédagogique. Avec Internet et les technologies éducatives, ils disposent désormais d’outils additionnels, qui rendent possible, développent et subliment l’interaction au coeur de l’enseignement.

Bien sûr, la formation en ligne n’est pas un remède miracle contre tous les maux et a ses limitations, à commencer par le fait qu’il faut pouvoir accéder à un ordinateur et à internet. Nous travaillons en lien avec les collectivités, les écoles et les associations à remédier à chaque limitation pour chaque cas individuel, pour maximiser l’accès à l’éducation.

La technologie permet le suivi permanent et simple des progrès de l’étudiant, en complément des échanges avec l’enseignant, des inévitables questions qui vont avec toute démarche d’apprentissage ; la technologie, c’est le substrat qui, loin de remplacer le lien professeur-étudiant, multiplie au contraire les possibilités de lien sans jamais prendre la place du professeur - et cette cohabitation harmonieuse est en plein essor, comme effet collatéral et heureux au coeur du malheur et de la crise sanitaire.

Nous avons mis au point depuis 20 ans un modèle pédagogique 100% en ligne qui combine hyper-personnalisation grâce à l’intervention de mentors experts et projets professionnalisants. Nous travaillons en étroite collaboration avec de très nombreux établissements d’enseignement supérieur comme CentraleSupélec, Sciences Po ou encore Stanford.


Cette crise vous a-t-elle apporté des enseignements utiles ou ouvert de nouvelles perspectives  pour  améliorer nos systèmes  éducatifs  et l’employabilité des apprenants ?

La crise actuelle est un point charnière non pas pour le numérique éducatif, mais pour le système éducatif tout entier. Il ne s'agit pas de dire que tout va basculer en ligne du jour au lendemain, c'est faux et pas forcément souhaitable. En revanche, l'épisode actuel va hâter l'adoption de modalités éducatives en ligne existantes mais encore peu ou mal utilisées. Il est probable que la crise accélère le déploiement du online de 5 ou 10 ans et qu’il n’y aura pas forcément de retour en arrière après la levée des confinements.
 

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