Alors que la pandémie du coranovirus oblige les pays à fermer leurs frontières, le Président de Sociétal analyse pourquoi les arguments contre la mondialisation « restent ceux des protectionnistes du XIXème siècle contre le libre-échange ».

Apparu dans les années 60, le terme de « mondialisation », copié sur l’anglais « Globalization », a progressivement remplacé dans le langage des commentaires économiques celui de « libre-échange ».

Néanmoins, à y regarder de près, les arguments contre la mondialisation restent ceux des protectionnistes d’antan contre le libre-échange. Ils consistent à déplorer sur le plan économique, les pertes d’emplois dues à une concurrence internationale systématiquement qualifiée de « déloyale » et sur le plan politique, la perte de souveraineté nationale.

Il est pourtant facile de contrer ce type d’arguments.

Économiquement parlant les prétendues menaces sur l’emploi ont été systématiquement démontées par la science économique. Nous avons choisi dans l’abondante littérature infirmant les thèses protectionnistes un extrait de Theory of Political Economy, livre publié en 1871 par William Stanley Jevons, un des fondateurs de la science économique moderne. Il écrit :

« Qu’adviendrait-il de nos ouvriers, si tout nous venait d’un autre pays ? Un tel état de choses, répondons-nous, ne peut exister. Les étrangers ne penseront à nous envoyer des marchandises qu’autant que nous les paierons, soit avec d’autres produits, soit en argent. Si nous les payons en marchandises, il faudra naturellement des ouvriers pour les fabriquer, et plus nous achèterons au dehors, plus nous devrons produire à l’intérieur, pour l’échange. Ainsi donc, l’achat de marchandises étrangères encourage les manufactures du pays de la meilleure façon possible, parce qu’elle encourage justement les branches d’industrie pour lesquelles le pays est le mieux fait et à l’aide desquelles la richesse est créée le plus abondamment possible. »

Tout est dit …et devrait être compris !

Reste l’argument politique. À ce propos, revenons vers une anecdote célèbre concernant Michel Chevalier. Ce professeur d’économie au Collège de France est le signataire, le 23 janvier 1860, du traité dit « traité Cobden-Chevalier » libéralisant le commerce entre la France et le Royaume-Uni. Il mesure personnellement l’impopularité du libre-échange lors d’une rencontre avec Victor Cousin. Celui-ci est le philosophe français le plus en vue de la première moitié du XIXème siècle. Il a connu son heure de gloire sous la Monarchie de Juillet. Hostile à Napoléon III, il est en froid avec Michel Chevalier. Chevalier souhaitant se réconcilier avec Cousin, les deux hommes se rencontrent en 1863. Victor Cousin reproche vertement à Michel Chevalier le traité de libre-échange et met fin à leur discussion en déclarant :

« Je comprends qu’un économiste soit partisan du libre-échange mais un patriote se doit d’être pour la protection » !

Victor Cousin a, hélas, aujourd’hui, des émules qui, de l’appel à la promotion de soi-disant « champions nationaux » à la nostalgie affichée pour la politique industrielle des années Pompidou, défendent moins les intérêts du pays que les multiples rentes qui étouffent la croissance et rognent le pouvoir d’achat.

Jean-Marc Daniel, Président de Sociétal

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