Le New Deal post-Covid-19 doit être numérique

Syntec Numérique s’est associé à TECH In France pour proposer au Président de la République et au Gouvernement un plan de grands travaux numériques, à l’image du New Deal étasunien des années 30. Son président, Godefroy de Bentzmann, estime en effet que le numérique est aujourd’hui un secteur d’activité prioritaire et stratégique, apte à entraîner dans son sillage toute l’économie française et européenne.

Institut de l’Entreprise - Pouvez-vous nous présenter Syntec Numérique ?

Godefroy de Bentzmann - Syntec Numérique est une organisation professionnelle regroupant 2 000 entreprises de services du numérique, d'édition de logiciels, et de conseil en technologies. Ces entreprises réalisent 57 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit 80% du secteur du numérique, et emploient 510 000 salariés. Tout cela représente 10% du PIB.

Quelle est la place du numérique pendant cette crise ?

En deux mois, la pandémie Covid-19 a mis le numérique au cœur des solutions que l'État, les entreprises, et les citoyens ont dû initier pour faire face à l'urgence, et continuer les activités lorsqu'elles étaient possibles, maintenir les liens sociaux.

Imaginons ce qu'aurait été ce confinement il y a 20 ans ! Nous savions que les Français utilisaient déjà pas mal le numérique, mais ce qui n'était pas toujours le cas des entreprises et des administrations. Ainsi, beaucoup d'entre elles ont dû répondre, dans des délais très courts, aux mesures de confinement et de télétravail de leurs salariés. Elles ont majoritairement réussi grâce, notamment, à des services informatiques performants qui ont assuré la fiabilité des systèmes et des réseaux.

Ainsi en deux mois, le télétravail est devenu la nouvelle norme. La télémédecine s'est déployé et a démontré de manière éclatante son intérêt. L'école a dû se réinventer, mais ce n’est pas fini. Les liens sociaux se sont tissés de façon très différente. Les commerçants ont mis en place des nouveaux canaux de distribution qu'ils n'imaginaient pas, comme par exemple, le fameux click and collect.

Si les circonstances exceptionnelles de cette crise sanitaire ont montré que la France est un pays résilient qui a des idées et de l'imagination, le retour à la normale ne doit pas nous replonger dans les tourments de la bureaucratie et de la lourdeur réglementaire. Numériser n'est pas un but en soi. C'est un moyen pour construire un futur centré sur le bien commun. Nous, entreprises du numérique, nous devons redire, sans cesse, que notre raison d'être c'est de mettre le numérique au service du bien commun.

C'est la responsabilité de nos entreprises d'expliquer pourquoi le numérique peut favoriser une économie durable, une pollution maîtrisée, puis diminuée. Pourquoi le numérique peut favoriser une économie sécurisée, sur ses approvisionnements stratégiques, dans le domaine de l'agriculture, de la santé par exemple. Pourquoi le numérique peut renforcer la cohésion sociale et la citoyenneté. Pourquoi le numérique peut redonner de l'agilité et de l'efficacité à l'État. Et enfin, pourquoi le numérique peut redéfinir les conditions de travail des salariés pour un meilleur équilibre personnel, une plus grande efficacité.

Que proposez-vous pour relancer l’économie française ?

Pour construire ce futur, Syntec Numérique s'est associé à TECH IN France pour proposer au Président de la République et au Gouvernement, un plan de grands travaux numériques dans la ligne du New Deal de Roosevelt dans les années 30. Et à l'époque, il s'agissait d'un programme public de grands travaux pour développer les infrastructures de transport, les barrages, etc. Aujourd'hui, le numérique est un secteur d'activité prioritaire et stratégique. Et c'est un secteur qui va entraîner toute l'économie française et la société. Ce plan de grands travaux devra s'appuyer sur des commandes publiques qui devront être soumises à trois critères précis :

  • L'indépendance stratégique,
  • la sobriété numérique
  • et la résilience des infrastructures numériques.

 

Et parce que la crise sanitaire a mis en lumière les déficiences majeures de l'Union européenne en matière d'autonomie stratégique et de la maîtrise de son destin numérique, ce plan de grands travaux devra bien entendu avoir une dimension européenne.

Un dernier mot pour les lecteurs de la Quotidienne ?

Malgré les difficultés, nous devons nous efforcer de regarder vers l’avant, de tirer le meilleur parti de la situation, dans l’intérêt de tous. Nous vivons un moment exceptionnel, une chance – peut-être unique – de faire un bond dans la construction d’une société numérique basée sur nos valeurs européennes de liberté et justice sociale. Sachons saisir cette chance.

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