Conscient de son rôle dans l’économie caféière, Nespresso intensifie chaque année ses engagements en faveur d’un café plus durable : pratiques agricoles plus respectueuses, recyclage optimal de l’aluminium mais aussi meilleures conditions de vie pour celles et ceux qui travaillent aux côtés de l’entreprise, en France et partout dans le monde. Nespresso a choisi de compenser les émissions de CO2 générées par les tasses de café dégustées par ses clients en pratiquant l’agroforesterie. Depuis 2016, Nespresso France propose ainsi à ses clients un café neutre en carbone et s’engage à faire de même au niveau mondial d’ici 2022.

PUR Projet est une entreprise sociale qui accompagne des sociétés dans leur transformation environnementale et sociale en co-développant avec elles des projets d'insetting – compensation carbone à l’intérieur de la chaîne de valeur de l’entreprise, par l'agroforesterie afin de préserver et régénérer les écosystèmes de la planète. Créée en 2008, les actions menées par l’entreprise ont à ce jour permis de planter plus de 18 millions d’arbres à travers le monde et un nombre grandissant de partenariats sont créés avec de nouvelles entreprises chaque année.

Nathalie Gonzalez, Directrice Générale Adjointe, Marketing & Commercial chez Nespresso

Tristan Lecomte, Fondateur de PUR Projet

Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce partenariat entre Nespresso et PUR Projet ?

Tristan Lecomte : La collaboration avec Nespresso est née en 2014. À l’époque Nespresso était déjà concernée par les questions environnementales et sociales puisque la marque avait mis en place depuis 2003 un programme baptisé AAA pour une Qualité Durable avec l’ONG Rainforest Alliance dont le but était d’accompagner les producteurs vers de meilleures pratiques agricoles. Ce programme a été le socle de notre partenariat avec Nespresso, avec l’idée de développer des activités qui soient au bénéfice du producteur mais aussi de la marque et du consommateur : la durabilité étant envisagée comme un service supplémentaire apporté au client. L’engagement de Nespresso était aussi motivé par une problématique d’image et business puisqu’avec le changement climatique, la production de café de qualité est menacée. Nous avons ainsi développé un programme en lien avec la stratégie business de l’entreprise, qui intègre la question du climat directement à l’intérieur de sa stratégie d’approvisionnement pour développer les externalités positives liées à l’activité de Nespresso.

Nathalie Gonzalez : Je souhaite également souligner que ces sujets sont au cœur du modèle économique de Nespresso, car les projets d’agroforesterie permettent d’obtenir un café d’une qualité remarquable et d’assurer la résilience des fermes face aux effets du changement climatique (érosion des sols, sécheresse etc.). Ce positionnement, sur le segment d’un café de qualité neutre en carbone, constitue un avantage stratégique indéniable car nous sommes les seuls à proposer un tel produit à cette échelle sur le marché. Au-delà de la qualité du café, la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement est clé pour notre entreprise car elle permet de renforcer nos liens avec les producteurs mais aussi de leur assurer des revenus supplémentaires, car les caféiculteurs peuvent vendre les fruits ou le bois des arbres plantés. Dans ce modèle où tous les acteurs sortent gagnants, les relations entre les parties prenantes sont très fortes et nous incitent à aller toujours plus loin dans la démarche. Notre engagement sur la capsule est à ce titre identique à celui sur le café. D’ici fin 2021, elles seront toutes faites à partir de 80% d’aluminium recyclé. C’est tout un symbole puisque la capsule est l’élément central de la marque, l’objet qui entoure et protège les arômes et la fraîcheur du café.

 

Vous soulignez à plusieurs reprises l’importance d’impliquer l’ensemble du business et de la stratégie d’entreprise. Comment avez-vous rendu cela possible ?

Nathalie Gonzalez : La naissance d’un tel projet et sa pérennisation ont été rendus possibles grâce à notre philosophie en interne. Les collaborateurs ont en effet un grand sentiment de fierté d’appartenir à notre entreprise car elle est porteuse de sens. Le fait qu’un grand groupe porte ces engagements fait que nous avons plus de chances d’avoir un impact fort. La transition que nous avons initiée en France vers la neutralité carbone va d’ailleurs être étendue au niveau Monde en 2022. Néanmoins, nos clients sont pour le moment peu au courant de cette dynamique vertueuse, mais j’ai grand espoir que cela les touche de plus en plus. Il faut rester humble et leur faire comprendre qu’il y a différents niveaux et qualité d’agroforesterie. Ces pratiques feront sûrement la différence dans leur choix de café dans le futur. Ce qui compte pour nous, c’est que l’entreprise se soit déjà saisie de ces sujets depuis un moment et qu’elle les ait placés au cœur de son modèle, car c’est à ce niveau que l’on peut transformer les choses. Notre volonté n’est pas seulement d’acheter quelques crédits carbone d’offsetting - à l’extérieur de la chaîne de valeur de l’entreprise- et simplement compenser notre impact carbone à l’extérieur, mais de mener une action double dès la production : faire le meilleur café et le faire avec le moindre impact environnemental.

Tristan Lecomte : Un autre aspect important de la réussite de Nespresso dans cette transition est la volonté de son top-management de faire bouger les lignes. Avant qu’il ne soit CEO, Guillaume Le Cunff avait déjà amorcé cette transition. Quand il y a un vrai leadership au niveau du CEO, cela change tout. C’est d’ailleurs lui qui a annoncé l’engagement Zéro Carbone 2022. En moyenne, les entreprises se fixent des objectifs de ce type pour 2040 ou 2050, 2025 pour les plus ambitieux car, pour une grande entreprise, cela implique beaucoup d’investissements. 2022 pour Nespresso, c’est tres ambitieux pour une entreprise de cette taille !

 

Comment se traduisent ces actions sur le terrain ?

Tristan Lecomte : A ce jour, 3,5 millions d’arbres ont été plantés au total grâce à ce partenariat, dont 2 millions en Colombie et le reste au Guatemala, en Ouganda et en Éthiopie, berceau du café dans le monde. Concrètement, sur le terrain, PUR Projet effectue un audit qui consiste à rencontrer les producteurs et les communautés qu’ils forment, souvent confrontées à une dégradation des écosystèmes. Or, les arbres sont importants pour la culture caféière puisqu’ils génèrent l’ombrage nécessaire à la croissance des précieux plants. Le fonctionnement du programme est le suivant : les équipes aident à l’implémentation de projets locaux de plantation d’arbres, suivis sur trente ans. Ces arbres génèrent pendant cette période des crédits carbone, certifiés par des organismes tiers, qui viennent compenser les émissions carbone de la production de café achetée par Nespresso aux producteurs. Les plantations sont exclusivement constituées d’arbres locaux, choisis avec soin par les producteurs. Il y a quatre ans, nous avons lancé une plateforme dite d’insetting à travers ce partenariat, dédiée au développement de pratiques permettant d’incorporer la compensation carbone directement à l’intérieur de la chaîne de valeur du groupe plutôt que de passer par des tiers en offsetting.

 

Pour les producteurs, quels sont les impacts ?

Tristan Lecomte : Il existe des avantages pour les producteurs de traiter avec Nespresso dans le cadre de ce partenariat. A titre d’exemple, ce café de qualité, équitable et parfois aussi bio, cultivé par les fermiers est acheté environ 40% plus cher par des acteurs comme Nespresso que le prix du marché. Et, l’expérience a montré que les préoccupations autour de ces enjeux de développement d’une production de café durable ne s’arrêtaient pas à des améliorations environnementales et sociales des pratiques mais concernent la survie du café lui-même. En effet, un tel programme a par exemple permis de réduire la propagation de la rouille, une maladie qui attaque directement les plants de café et qui sévissait vigoureusement en Colombie il y a quatre ans. Cela permet à Nespresso de sécuriser ses approvisionnements en matière première.

 

Revenons sur l’engagement Zéro Carbone de Nespresso sur l’ensemble de ses activités au niveau Monde d’ici 2022. Quels vont être les obstacles majeurs pour atteindre un tel objectif en 2022 ?

Tristan Lecomte : Nespresso veut faire de l’insetting en priorité. Mais au regard des volumes d’arbres à planter, il est difficile de lancer cela rapidement. Il s’agit en effet d’un processus qui nécessite beaucoup de temps car il faut rencontrer les communautés, discuter, former les agriculteurs à planter, et bien d’autres étapes et ce, alors que l’engagement à tenir pour 2022 est très ambitieux. De plus, nous plantons les arbres aujourd’hui, mais le carbone est séquestré sur trente ans. Donc, dans un premier temps Nespresso ne pourra pas tout couvrir en insetting et va devoir maintenir une certaine part d’offsetting.

Nathalie Gonzalez : Nous allons aller crescendo sur l’insetting et monter en puissance progressivement pour diminuer la part d’offsetting. Il y aura ainsi une part de 25% d’insetting en 2022, et 56% en 2025. Cela prend du temps car la nature reprend petit à petit ses droits et il faut bâtir ce projet sur la durée. A ce titre, nous allons continuer de développer l’insetting au-delà de la neutralité carbone pour bénéficier de la qualité de café qu’elle engendre. Nous devons nous adapter à la lenteur de la nature.

 

Guillaume Le Cunff, votre CEO est très engagé sur la question. Malgré cela, y a-t-il en interne des frictions ou plutôt un consensus ?

Natahlie Gonzalez : Le projet fait sans hésitation consensus en interne car nous vivons depuis longtemps autour de ces idées. Tous les départements de l’entreprise et les membres du Comité de direction ont une connaissance poussée du sujet, qui est d’ailleurs un sujet de cohésion d’entreprise. Nous avons d’ailleurs créé un Sustainability Advisory Board qui se réunit chaque année et invite tous les acteurs et ONG qui aident Nespresso dans cette transformation de l’entreprise à la fois sur le volet environnemental et le volet social. Notre égérie George Clooney est d’ailleurs très engagée personnellement dans cette instance. Un tel dispositif est important car cela rythme les engagements et ces points de rendez-vous nous obligent à avancer. Je pense que c’est une idée très saine que des parties prenantes externes donnent leur avis ensemble en constituant un collectif qui réfléchit et agit, plutôt que d’avancer en silo, dans son coin.

 

Tristan Lecomte, qu’est-ce que cela vous a apporté de travailler avec un grand groupe tel que Nespresso ?

Tristan Lecomte :  L’intérêt de travailler avec de grandes entreprises, c’est leur force de frappe ! Jusqu’à aujourd’hui, PUR Projet a au global planté 18 millions d’arbres, dont 3,5 millions avec Nespresso. Néanmoins, ce sont malheureusement chaque jour 10 millions qui sont détruits. L’écart entre ces ordres de grandeur est donc immense. Mais en travaillant avec des grands groupes, nous pouvons atteindre de grandes échelles, c’est pour cela qu’il faut les encourager à suivre cette voie. Et, si les clients et citoyens plébiscitent les entreprises qui s’engagent, alors elles s’engageront toutes !

Les facteurs clés de succès du partenariat

Par Yohann Marcet, Directeur de GROUPE SOS Consulting

Le partenariat entre PUR Projet et Nespresso est un bel exemple très concret de l’impact que peuvent avoir des grands groupes en matière de transition environnementale et sociale lorsqu’ils se fixent des objectifs ambitieux. Ici, force est de constater que Nespresso est sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone en 2022 en travaillant directement sur ses filières et en remodelant une partie de son modèle économique. Cette trajectoire est en l’état rendue possible grâce à la volonté sans faille des dirigeants de faire bouger les lignes et par l’accompagnement d’une entreprise sociale qui a une connaissance fine du terrain. Les points saillants d’une telle réussite sont visibles des deux côtés du partenariat. Du côté de Nespresso la culture innovante de l’entreprise a rapidement permise de prendre en compte l’enjeu environnemental et le top management de l’entreprise a assuré la soutenabilité de cette vision de changement. Les moyens déployés en ce sens sont importants et rythment le développement soutenu des projets. Entre 2009 et 2020, Nespresso a réussi à réduire l’empreinte carbone globale d’une tasse de 22%. Une première étape importante franchie dans sa transition. C’est un processus long, mais lorsqu’un groupe y croit et se donne les moyens d’agir, la neutralité carbone paraît atteignable. Et, cela semble d’autant plus facile et impactant lorsque cette même entité est accompagnée par une entreprise sociale experte à l’instar de PUR Project.