Quartiers Cafés est le fruit d’une collaboration entre le GROUPE SOS Action territoriale et Coca-Cola France à destination des commerces de proximité dans les quartiers prioritaires. Lancé en septembre 2020, il a récompensé 50 commerçants à travers toute la France métropolitaine.

Laurent Turpault, Directeur de la Communication, de la RSE et des Affaires publiques, Coca-Cola France

Chloé Brillon, Directrice, GROUPE SOS Action territoriale et membre du COMEX

Pourquoi vous être engagés ensemble dans l’initiative « Quartiers Cafés » ?

Laurent Turpault : Il existe historiquement chez Coca-Cola un engagement sociétal fort, bien que mal connu, qui se traduit par un attachement à des valeurs universelles que sont la diversité, l’inclusion et le lien social, et que l’on retrouve dans le partage des moments de convivialité autour d’un Coca-Cola. Notre marque défend l’inclusion depuis toujours. Par exemple dans les années 1960, l’une de nos publicités mettait en scène hommes blancs et noirs assis sur le même banc dans une Amérique ségrégationniste. Le groupe est donc attaché au rôle que peuvent jouer les cafés de quartier dans le renforcement du lien social. Nous avions déjà été amenés à travailler avec le Groupe SOS dans le cadre du projet 1000 Cafés. Lorsque la crise du Covid-19 est arrivée, notre premier réflexe en tant que grande entreprise a été de s’interroger sur la façon dont nous pouvions venir en aide aux populations dans les territoires où nous opérons. Via notre fondation basée à Atlanta, nous sommes venus en aide urgente aux populations sur le front sanitaire, en soutenant La Croix Rouge dans beaucoup de pays et notamment en France, apportant une aide permettant le fonctionnement des équipes bénévoles pendant plusieurs mois. Nous nous sommes ensuite demandés ce que nous pouvions faire de plus, au-delà de ces initiatives, sur le front de l’inclusion et du lien social : nous ne sommes pas des professionnels de l’ESS. C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés du Groupe SOS pour voir comment avancer ensemble, apportant nos moyens financiers, l’expertise Cafés, Hôtels, Restaurants (CHR), notre maillage territorial et, avant tout, notre volonté.

Chloé Brillon : Le projet Quartiers Cafés est né dans le contexte spécifique de l’après confinement. On parlait alors de l’impact de la crise sociale et sanitaire sur les habitants de quartier et sur les commerces de proximité. Notre objectif commun était de venir en soutien à ces commerces qui de facto sont un soutien aux habitants des quartiers prioritaires. Le contexte de crise du post-confinement nous a très vite incité à mutualiser nos forces. D’un côté Coca-Cola, avec son expertise CHR, sa capacité d’engagement financier et son maillage territorial fort, nous a permis de penser vite à des actions à impact sur l’ensemble du territoire. Coté Groupe SOS Action territoriale, nous pouvions apporter un savoir-faire en gestion de projet que nous pouvions déployer en peu de temps et une expertise en matière d’entreprenariat social, puisque les initiatives retenues par notre projet commun ont toutes vocation à créer un impact social dans les quartiers. Cette expertise de conception, de mise en œuvre et de sélection de projets était essentielle pour avancer. C’est donc cette combinaison entre la force de frappe financière, le maillage territorial, nos expertises et surtout notre conviction partagée de pouvoir faire quelque chose ensemble sur le terrain du lien social qui a été déterminante.

Quelles conditions étaient réunies pour que cette collaboration fonctionne ?

Laurent Turpault : Il a fallu tout d’abord aller au-delà des idées reçues. Au sein d’un grand groupe, nous ne sommes pas tous familiers de l’ESS,. Cela s’applique aussi à nos partenaires du milieu associatif : être capable d’accepter de travailler avec des personnes issues du monde de l’entreprise et accepter l’idée que notre démarche poursuit un but commun.

J’ajouterai que la notoriété de Coca-Cola est acquise. Si nous avons des enjeux d’image, sur lesquels nous travaillons, nous n’avons pas à développer notre notoriété car tout le monde connaît la marque. De fait, le groupe Coca-Cola peut apporter très vite une visibilité et un crédit aux projets qu’il soutient grâce à sa taille et à son empreinte locale. Pour nous, c’est un projet très impliquant et c’est important de ne pas simplement accorder un chèque à nos partenaires, mais bien d’apporter un soutien spécifique et concret à nos projets de collaboration.

Chloé Brillon : Il est difficile de recomposer l’alchimie d’une rencontre unique. Le fait de dépasser les préjugés a en effet certainement été un facteur de succès. Les conditions de rencontre comptent aussi : ces espaces où l’on se croise alors que l’on navigue dans des univers différents. Ceci est d’autant plus vrai dans la période actuelle où il manque ces espaces informels qui peuvent contribuer à la formation des réseaux et qui permettent de déconstruire ces idées reçues et d’imaginer des initiatives conjointes. J’ajouterai qu’il faut garder en tête, dès la conception des projets, les besoins concrets du terrain – un prérequis pour que les projets fonctionnent, qu’ils soient porteurs de sens et puissent gagner en visibilité.

Comment fonctionne concrètement Quartiers Cafés ?

Chloé Brillon : Concrètement, il s’agissait de voir comment nous pouvions soutenir ces commerces de proximité dans les quartiers prioritaires. Ces commerces, on le sait, sont des lieux très identifiés par les habitants avec un potentiel fédérateur et une capacité à attirer une diversité de publics. Nous avions la volonté de soutenir les commerces engagés au service de leur quartier (cafés, épiceries, boulangeries) qui contribuent à créer du lien social. Par exemple, des services de médiation numérique, des activités de programmation culturelle ou des activités de restauration qui font la part belle aux cultures du quartier. Cela a donc pris la forme d’un Prix avec le lancement d’un appel à candidature lancé en septembre 2020 auprès des commerces situés en quartiers prioritaires. Il y a eu une première phase de dépôt de candidatures avec une belle répartition de projets sur l’ensemble du territoire suivie d’une phase de sélection mobilisant un jury composé d’experts du secteur CHR, de l’entreprenariat social et de la politique de la ville. Le jury a sélectionné 50 projets sur une centaine de candidatures. Les lauréats ont été récompensés par une remise de prix à distance et des aides concrètes à l’équipement via des bons d’achat permettant l’acquisition de matériel utile à leur activité. Au-delà de ces aides, nous avons voulu inscrire ces initiatives de façon durable et pérenne en les accompagnant sur les prochains mois avec GROUPE SOS Pulse, une structure spécialisée dans l’accompagnement d’entrepreneurs.

Laurent Turpault : Nous avons été volontairement sélectifs dans le traitement des dossiers car nous étions très attachés à la viabilité et à la pérennité économique des projets. Cela explique le ratio entre le nombre candidats et de projets récompensés. Le fait de présenter son projet à Quartiers Cafés était déjà un processus exigeant et une preuve d’engagement.

Quelles équipes avez-vous mobilisé pour mener ce projet commun ?

Laurent Turpault : Coté Coca-Cola nous avons créé un groupe travail constitué des membres de notre équipe et de l’équipe de CCEP (Coca-Cola European Partners), notre partenaire embouteilleur, qui produit et commercialise nos boissons sur l’ensemble du territoire. En tant qu’acteur de terrain, CCEP connaît bien les attentes de ses clients dans les quartiers prioritaires de la ville. L’entreprise a apporté sa force de frappe et une capacité d’analyse fine des besoins et spécificités des QPV concernés. Nous nous sommes aussi entourés d’experts pour la constitution du jury afin d’avoir des personnes compétentes pour évaluer chaque projet.

Chloé Brillon : Nous avons été dans la co-construction dès la phase de conception du projet. A partir d’avril-mai, nous avons organisé des réunions régulières pour nous accorder sur l’objectif, le public cible et le format du projet. Dès lors que nous avons arrêté un concept conjoint, nous avons déployé la phase de pilotage et de suivi portée par une équipe projet constituée par Coca-Cola et le Groupe SOS Action territoriale. Notre événement de restitution et les résultats du projet ont démontré sa capacité à fédérer différents acteurs allant du CHR à la politique de la ville.

Quels bénéfices mutuels retenez-vous de cette collaboration ?

Laurent Turpault : La complémentarité de nos savoir-faire et domaines d’expertise a été un facteur clé de succès permettant à chaque partie d’apporter sa valeur ajoutée. Nous avons conscience de l’image que peut envoyer la marque Coca-Cola malgré elle. Cela montre qu’une entreprise capitalistique implantée partout dans le monde peut être animée par des causes, dès lors que cela fait sens avec son histoire, et qu’elle peut travailler avec des acteurs qui ne sont pas issus du même domaine. Nous avons retrouvé les codes que l’on adopte sur des projets internes à l’entreprise avec un groupe Teams partagé, une méthode agile, de l’ouverture d’esprit, une capacité à se dire les choses et à coconstruire. Même si l’objet de nos entités n’est pas forcément le même, nous retrouvons en interne des personnes animées par leur métier avec des convictions, la satisfaction du travail bien fait, en équipe.

Chloé Brillon : Cela a été une force pour nous de pouvoir compter sur l’expertise et la mise en visibilité de Coca-Cola, à la fois sur ce projet de collaboration mais aussi pour les initiatives locales qui ont trouvé des relais de diffusion et une mise en lumière grâce à l’événement de remise des Prix et les réseaux sociaux. Cela va contribuer à aider ces initiatives à se développer. C’est une force unique que tous les acteurs n’ont pas : avoir la capacité de donner une telle visibilité à des initiatives très locales.

Avez-vous rencontré des freins ou des obstacles dans le cadre de cette collaboration ?

Chloé Brillon : En termes de perception interne, ce projet s’est lancé très vite dans contexte compliqué lié à la crise sanitaire. Pourtant, chaque objectif a été rempli sans que nous ayons éprouvé de difficulté en interne. La vraie difficulté qu’il a fallu intégrer était donc ce facteur externe car nous nous adressions à des commerçants touchés de plein fouet par la crise sanitaire, frappés tantôt par le confinement, le couvre-feu ou la nécessité de réadapter leur activité, de gérer l’urgence. Ils n’étaient pas nécessairement tournés en priorité vers la réponse à un appel à candidature. C’est pourquoi nous avons adapté le calendrier de notre programme à leur rythme et au contexte. Il a fallu aussi revoir nos attentes autour de l’événement de remise des Prix, initialement prévu en présentiel. Ces adaptations sont un facteur de résilience et un indicateur que cette collaboration a bien fonctionné car nous avons été en capacité à nous adapter et à gérer nos frustrations.

Laurent Turpault :  Il a fallu être inventif surmonter les difficultés externes que nous connaissons. C’est un phénomène assez classique, dans une dynamique d’équipe, qu’une cohésion se crée lorsque chacun doit se mobiliser pour gérer des problématiques et surpasser des différences. Ce fut une collaboration fluide grâce à une bonne compréhension mutuelle, ce qui n’est pas systématiquement le cas dans les collaborations avec des partenaires externes. Malgré la différence de nos structures, nous avons tous été très réactifs

Quels retours avez-vous eu en interne, chez Coca-Cola, de la part de vos collaborateurs?

Laurent Turpault : C’est une collaboration qui a créé beaucoup de fierté chez nos collaborateurs, d’autant que lorsque la crise du Covid-19 est arrivée, nos équipes nous attendaient sur le rôle d’aide que pouvait jouer Coca-Cola. Sur le plan global, cela nous a permis de nous rappeler à quel point la convivialité et le lien social sont un véritable ciment de la société française et que les CHR avait un rôle très important à jouer. C’est utile pour nous de communiquer cela au niveau du groupe à l’international puisque les marchés sur lesquels nous opérons ne fonctionnent pas tous de la même manière. Ce fut donc une opportunité pour nous de réexpliquer les spécificités françaises en interne, car c’est important pour Coca-Cola de s’adapter à la culture locale.

Quelles sont les prochaines étapes de votre collaboration ?

Laurent Turpault : Nous croyons fermement à la durée de vie de nos projets. Quartiers Cafés est né dans un contexte spécifique, en réponse à la crise du Covid-19, et nous comptons poursuivre notre soutien aux commerçants, notamment à travers le programme 1 000 Cafés.

Chloé Brillon : L’initiative 1 000 Cafés a été lancée par le Groupe SOS en septembre 2019 dans les territoires. Il cible le milieu rural et les communes rurales de moins 3 500 habitants avec un mode d’intervention différent de Quartiers Cafés, en ce qu’il endosse le risque entrepreneurial en investissant dans la création de petites entreprises, recrutant, accompagnant et formant des gérants et gérantes. Il rejoint Quartiers Cafés dans sa finalité et ses convictions car il a cette même vocation à recréer des lieux de vie et de convivialité. Le développement de petites activités de restaurateurs, de cafetiers ou de commerces de proximité sont des ingrédients moteurs dans la création des lieux de vie et sont fédérateurs au niveau d’un territoire. Il y a donc une différence de mode opératoire et de territoire cible mais un ADN commun à ces deux projets.

 


 

Aujourd’hui Coca-Cola en France est représenté par deux entreprises, filiales de groupes distincts et indépendants qui collaborent étroitement : Coca- Cola Services France, qui contribue à définir la stratégie de développement des marques de The Coca- Cola Company en France, et Coca-Cola European Partners qui produit, distribue et commercialise ces produits en France métropolitaine. Boissons pétillantes, boissons plates, jus de fruits, boissons pour le sport, boissons enrichies en vitamines, boissons énergisantes... Coca-Cola commercialise en France 12 marques et une soixantaine de références, dont la moitié est sans sucres ou à teneur réduite en sucres. Depuis plus de 100 ans, Coca-Cola fait partie intégrante de la vie des Français. 95% des boissons commercialisées en France sont fabriquées dans six usines implantées sur le territoire français.

Le GROUPE SOS est la première entreprise sociale en Europe. Né il y a plus de 35 ans, au cœur des années sida, le GROUPE SOS est une organisation à but non lucratif qui agit sur le terrain, pour répondre aux défis sociaux et environnementaux du monde actuel. Sans actionnaire, les résultats du GROUPE SOS sont 100% réinvestis pour créer ou pérenniser des innovations sociales et environnementales. Nos équipes travaillent au sein des associations, entreprises et établissements qui composent le GROUPE SOS : structures sociales et médico-sociales, hôpitaux et EHPAD non-lucratifs, ateliers et chantiers d’insertion, crèches, établissements culturels, associations au service de la transition écologique, entreprises conciliant économie et projet sociétal, épiceries solidaires et cafés multiservices dans des territoires isolés, ONG de solidarité internationale... Avec plus de 21 500 personnes employées et 550 établissements et services, les actions du GROUPE SOS ont, chaque année, un impact sur plus d’1,7 million de personnes, en France et à l’international.