Emmanuel Toniutti accompagne depuis vingt ans des conseils d’administration et des comités exécutifs d’entreprises cotées ainsi que des entrepreneurs propriétaires de leur société. L’enseignant à l’Executive Education d’HEC Paris publie Le Leadership de l’amour. Une nouvelle Voie pour l’Occident. Le docteur en théologie de l’université Laval de Québec au Canada constate la faillite d’un certain type de management et propose comment mettre en œuvre un nouveau modèle de leadership éthique et responsable.

Pour anticiper le futur, il faut regarder la réalité en face, bien en face, sans faux-semblants. 

La réalité est que la crise du coronavirus nous est imposée. Qu’elle soit issue de la Nature, des enjeux de pouvoir géopolitiques liés à la mondialisation ou bien de malveillances diverses et variées, elle nous dépasse, elle nous rappelle à l’humilité, elle nous remémore que nous sommes poussière, de pauvres petits mortels qui ont une tendance naturelle, quand tout va bien, à se prendre pour des petits dieux sans en avoir l’air.

L’acte majeur de cette crise, au-delà du déni initial et des mensonges inutiles de certains de nos dirigeants politiques, de leur manque d’anticipation et de vision stratégique du futur, vient de ce que nous, les êtres humains, nous démontrons ici une capacité à créer et à être solidaires les uns des autres de manière exceptionnelle. D’autre part, même si nos dirigeants ont des manquements, comme tout le monde, tels que je viens de les souligner ci-dessus, ils ont pris peu à peu conscience de la gravité de la réalité du coronavirus et ils ont pris la décision de faire primer l’humain sur l’économique. C’est une première dans l’histoire de notre humanité dans la gestion d’une pandémie d’une telle ampleur. Le confinement était nécessaire et adapté à cette situation, c’est Giuseppe Conte qui a eu, de fait, le leadership sur cette décision « humaniste » et qui a influencé une bonne partie du reste de l’Europe dans sa suite. Il s’est posé en digne successeur de notre ancêtre romain, Publius Terentius Afer, qui inventa l’humanitas : « Je suis un Homme, rien de ce qui est humain m’est étranger ». Il a réussi dès le départ de la lutte contre le virus une performance unique ; celle de mettre en œuvre les cinq comportements clés du leadership éthique et responsable : l’empathie, l’humilité, l’authenticité, la lucidité et l’écoute.

Mais malgré les efforts déployés par l’Occident, les plans financiers mis en place, nous devrons faire face à des milliers de faillites d’entreprises, petites, moyennes et, peut-être, grandes. Le coup d’arrêt du confinement mondial à l’économie est unique en ce sens. Il nous interpelle sur notre modèle de société de surconsommation du « toujours plus ». Il nous questionne sur le sens que nous voulons donner à notre existence. Il nous invite à retrouver la direction d’une humanité fragile que nous désirions invincible.

La sortie de crise du Covid-19 offre une grande opportunité pour l’Occident : celle de changer de modèle de société. Nous avons besoin de leaders qui aiment l’humanité et la justice, nous avons besoin de bienveillance, de solidarité et de fraternité. Ces mots, souvent employés durant ces dernières semaines, se réfèrent tous à une émotion et une valeur de base : l’amour. En ce sens, l’une des réponses que je suggère pour cette sortie de crise est « Le leadership de l’amour. Une nouvelle Voie pour l’Occident ». Un modèle de leadership inversé dans lequel le succès économique n’est pas le but mais le résultat des relations de service d’humanité que nous entretenons entre les parties prenantes impactées par nos enjeux de société : les clients, les employés, les fournisseurs, les actionnaires et les acteurs de la société en général.

Ce livre a pour objectif d’avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Il décrit très concrètement ce que peut être un modèle de société qui repose sur le courage, l’amour, l’éthique et la responsabilité. Il indique un chemin clair et pragmatique pour entraîner les dirigeants à s’approprier et mettre en œuvre ce modèle. Il se nourrit également de témoignages concrets de dirigeants qui l’ont mis en place dans leurs organisations. 

Dans la préface qu’il a bien voulu rédiger, Stéphane Richard, PDG du groupe Orange, retient qu’il est difficile de ne pas partager mes constats, « notamment sur deux points : la faillite morale, civilisationnelle et peut-être bientôt économique du dogme financier qui continue à gouverner le monde des entreprises, et la faillite d’un certain management où la prise en compte de l’humain est finalement accessoire, presque luxueuse. Sur le premier point ne soyons pas naïfs : nous vivons dans un monde financier encore largement déconnecté des grands enjeux sociétaux, environnementaux, et peut-être tout simplement humains. Il faut avoir parfois le courage de refuser cette logique qui a conduit et continuera de conduire nombre d’entreprises au désastre humain. »

Nous y sommes. La sortie de crise du Covid-19 offre à l’Occident une opportunité unique. Celle de proposer un modèle de société humaniste et fraternel. Le futur de nos enfants et de nos petits-enfants s’écrit maintenant. 

Faisons-le ensemble !

 

Emmanuel Toniutti, enseignant à l’Executive Education d’HEC Paris et docteur en théologie de l’université Laval de Québec au Canada

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