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Mars 2012

 

Les jeunes ont été les principales victimes de la crise de 2008-2009. En France, le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans est passé de 18 % des actifs au premier trimestre 2008 à 23,7 % au premier trimestre 2011, soit une augmentation du taux de chômage de 30 % sur cette période. Dans le même temps, le taux de chômage pour l’ensemble des actifs est passé de 7,5 % à 9,7 %. Cette tendance est décelable dans l’ensemble des pays de l’OCDE. Ainsi, le taux moyen de chômage des jeunes pour les pays de l’OCDE a augmenté de plus de 5 points (de 13,2 % à 18,5 %) entre les troisièmes trimestres 2007 et 2010, contre une augmentation de 2 points seulement (atteignant 7,1 %) sur la même période pour l’ensemble des actifs de plus de 25 ans. L’effet de levier est d’autant plus important dans un pays comme la France où les difficultés d’insertion des jeunes dans l’emploi étaient déjà un problème avant la crise, avec une exposition particulière de cette catégorie au « dualisme » du marché du travail.

Ce constat général masque cependant de fortes disparités, les différences entre diplômés du supérieur et les non diplômés (ou détenteurs du brevet des collèges) s’étant fortement accentuées depuis 35 ans.

De fait, trois jeunesses coexistent et ne sont pas affectées de la même façon par le chômage :

  • La jeunesse issue des grandes écoles, ou de certaines filières de l’université (médecine, droit, gestion – mais aussi certains IUT et BTS), pour laquelle la question de l’insertion dans l’emploi ne se pose quasiment pas ;  
  • Une jeunesse diplômée, mais issue de cursus non professionnels (lettres et sciences humaines, notamment), qui vit un sentiment de déclassement dû à l’attrition des débouchés publics qui pouvaient lui être offerts (en particulier dans l’administration ou l’enseignement), et à l’allongement de la période d’insertion dans l’emploi, même si des études montrent que ces jeunes diplômés finissent, pour la majorité d’entre eux, par accéder à un CDI ;  
  • Une jeunesse non qualifiée, souvent déscolarisée et en voie de désocialisation. Il s’agit principalement des 130 000 jeunes qui sortent tous les ans du système scolaire sans diplôme  pour lesquels l’accession au CDI est une perspective quasi inaccessible, et qui se trouvent condamnés à l’emploi dit « précaire ». Le nombre élevé des décrocheurs et leur situation de marginalisation croissante restent des problèmes que les dispositifs actuels semblent impuissants à résoudre. Ainsi, malgré un taux d’échec scolaire comparable à celui de l’Allemagne (13 %) et légèrement inférieur à celui du Royaume Uni (17 %),6 la France est moins bien parvenue que ces deux pays à intégrer ses jeunes décrocheurs dans le marché du travail.

S’il existe en direction de cette population une multitude de dispositifs publics – on pense aux « plans jeunes » qui se sont succédés au cours des trente-cinq dernières années (exonérations de cotisations sociales ou patronales, contrats de stages et de placements) ou encore à l’accent mis sur la formation en alternance – une question demeure, dans un contexte de contraction de la dépense publique : comment les entreprises peuvent-elles directement contribuer à favoriser l'entrée des jeunes dans la vie active ?

Désireux d’oeuvrer pour un rapprochement entre les jeunes et l’entreprise, l’Institut de l’entreprise a choisi de s’appuyer sur l’expérience de ses adhérents pour orienter son action collective et contribuer à une meilleure intégration des jeunes sur le marché du travail.

Dans ce contexte, l’Institut de l’entreprise a réalisé une enquête auprès de ses entreprises adhérentes qui lui a permis d’identifier une série de bonnes pratiques autour de leurs habitudes de recrutement et de formation des jeunes. À partir de ce travail, quinze propositions ayant pour vocation d’inspirer l’ensemble des entreprises adhérentes de l’Institut de l’entreprise, mais aussi d’orienter leur action collective ont été formulées. Des partenariats actifs ont d’ailleurs été signés ou sont en cours de signature en ce sens pour soutenir quatre projets oeuvrant à une meilleure insertion des jeunes en difficulté d’accès à l’emploi au niveau local et national.

Afin d’inscrire sa réflexion et son action auprès de ce public sur le long terme, l’Institut de l’entreprise lance un Observatoire pour l’emploi des jeunes qui sera présidé par Françoise Gri, vice-présidente de l’Institut de l’entreprise et présidente de ManpowerGroup France.

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