Impacté très tôt par la crise du Covid-19, via ses implantations en Asie et en Italie, Terreal a dès le début du mois de mars mis en place une cellule de crise, pilotée par son PDG, pour préparer l’entreprise au renforcement des mesures de protection sanitaires, au télétravail et pour adapter l’activité dans ses usines. Si la cessation brutale des activités de ses usines en France, induite par l’arrêt des chantiers provoqué par les mesures de confinement, a dans un premier temps surpris le groupe, des discussions au ministère du Travail et au ministère de l’Économie ont permis que l’activité sur les chantiers reprenne progressivement. Cette reprise s’avère nécessaire tant pour l’entreprise que pour ses salariés pour qui l’activité partielle est souvent pesante. Un important travail de pédagogie et un dialogue social très étroit ont néanmoins été entrepris par la direction pour rassurer les salariés sur le fait que la reprise du travail était accompagnée de mesures sanitaires strictes destinées à assurer leur sécurité.
En parallèle, l’entreprise s’est mobilisée pour contribuer à la solidarité nationale : 2 400 masques ont été donnés aux professionnels de santé, son stock de gel hydroalcoolique a été fourni aux hôpitaux et aux services de la mairie de Suresnes, où l’entreprise a son siège, et 85 combinaisons et 40 paires de lunettes ont été mises à disposition de l’hôpital de Castres, proche de l’usine de Mazamet.

 

Date de publication : 08/04/2020

Enquête réalisée auprès de Fabienne Pécheul, Directrice des Ressources Humaines de Terreal

 

Une réponse rapide dès les débuts de la crise

Terreal, qui a notamment des implantations en Asie et en Italie [1], a été touché par la crise avant que celle-ci n’atteigne la France. Ses salariés sur place ont connu les mesures barrières et le confinement avant les salariés français, « expérience » qui a permis à l’entreprise de réagir rapidement lorsque la France a à son tour été touchée.

La DRH a mis en place une cellule de crise, pilotée par le PDG, dès le début du mois de mars. Chaque matin à 9 heures se réunissent dans ce cadre la responsable HSE, le directeur de l’IT, le directeur financier, le directeur commercial, le directeur industriel, la directrice de la Communication et la directrice des Ressources humaines de l’entreprise. Chacune de ces réunions débute par un point sur l’état de santé des salariés et de leurs familles.

L’objectif premier de cette cellule de crise était, dès le début du mois de mars, de préparer l’entreprise au renforcement des mesures de protection sanitaires, au télétravail et d’adapter la charge de ses organisations à l’activité de ses usines. « Nous avons très vite mis en place des mesures sanitaires renforcées sur nos sites. Les postes de travail sur ces sites étant relativement éloignés, la distanciation sociale a été facilement mise en œuvre. Nous avons par ailleurs, pour les personnels concernés, organisé la mise en place de 100 nouveaux postes de télétravail ».

La direction financière suit l’évolution de la trésorerie : « Nous nous devons d’être extrêmement vigilants, d’autant qu’on ne sait pas comment demain le marché va redémarrer ».

 

Une surprise en France : la fermeture contrainte et rapide des usines

Ses clients, acteurs du bâtiment, s’étant mis à l’arrêt à l’annonce des mesures de confinement, l’entreprise a été contrainte d’arrêter aussi, et subitement, son activité, ce qu’elle n’avait pas anticipé. « Quand les mesures de confinement ont été annoncées en France, nous pensions continuer à tourner normalement dans les usines. Nos usines en Italie avaient tourné jusqu’au 20 mars, alors que la crise y avait démarré plus tôt qu’en France ». Mais « en France, nous avons été contraints, en raison de l’arrêt de l’activité de nos clients, de fermer nos usines dès le début du confinement. Une seule tourne encore. Nous ne nous y attendions pas ».

La cellule journalière de crise, qui assure une communication interne régulière, a pu informer rapidement les salariés de la fermeture des sites. L’entreprise a continué à livrer ses clients sur la base des stocks dont elle disposait.

L’entreprise ne cache pas que l’activité partielle pèse sur ses salariés : « nous sommes très ancrés sur nos territoires, parfois notre site est l’employeur principal d’un village. Notre objectif est de redémarrer l’activité rapidement : en tant qu’entreprise et pour nos salariés ».

Les discussions au ministère du Travail et au ministère de l’Économie sur l’activité du secteur du bâtiment ont permis que des chantiers se remettent progressivement en œuvre. « Aujourd’hui, le principal obstacle est désormais de rassurer les salariés. C’est un travail de conviction, mais aussi de confiance ».

 

Un travail de pédagogie pour rassurer les salariés invités à continuer à travailler

« Nous avons mené un gros travail de terrain pour contrebalancer les messages passés de rester confiné, qui ont été interprétés par les salariés comme : « je me mets en danger si je vais au travail ». Nous avons beaucoup communiqué en interne sur la mise en place de mesures de distanciation, le nettoyage renforcé des sites, la fourniture de masques, de gel et de lingettes désinfectantes sur chaque site. Notre rôle en tant qu’employeur est de rassurer les salariés sur le fait qu’ils ne s’exposent pas plus en allant travailler que pour toute autre activité sociale, même limitée, comme aller faire ses courses ».

Cette communication passe aussi par un dialogue social étroit : « Sur un sujet aussi essentiel et sensible, un dialogue social étroit est indispensable ». La responsable HSE de l’entreprise a participé à la conception d’un guide de préconisations de sécurité sanitaire à destination des syndicats, qui a une valeur indicative de recommandation et est valable pour toutes les industries de la branche. Ce dialogue passe également par des relations étroites avec le CSE [2] central, lui-même relayé par les CSE locaux. « Bien que très précautionneux et malgré certains messages pouvant émaner de leur centrale, les syndicats connaissent les réalités du terrain : ils comprennent la nécessité de redémarrer les usines et perçoivent l’ennui et l’isolement qu’implique le confinement chez de nombreux salariés ».

L’entreprise organise par ailleurs des visites d’élus dans ses usines, « pour qu’ils voient que les mesures sanitaires de reprise sont bien en place ». Les précautions prises ont permis de faire redémarrer une usine lundi ; d’autres redémarrages partiels se feront à compter de la semaine prochaine.

 

Une démarche sociétale renforcée

2 400 masques ont été donnés par l’entreprise aux professionnels de santé : « Ces masques sont utilisés dans nos usines pour la manipulation de poussières de silice ; nous en avons certes besoin pour redémarrer nos usines, mais les personnels de santé devaient bien évidemment être prioritaires ». L’entreprise a également donné aux hôpitaux et aux services de la mairie de Suresnes, où l’entreprise a son siège, son stock de gel hydroalcoolique. 85 combinaisons et 40 paires de lunettes ont par ailleurs été donnés à l’hôpital de Castres, proche de l’usine de Mazamet.

 

Une entreprise internationale dont quasiment tous les sites sont impactés

L’entreprises dispose de nombreuses implantations dans le monde qui, bien qu’à des degrés divers, sont aujourd’hui toutes touchées par la crise. En Europe, elle compte quinze sites en France, trois usines en Italie (dont 2 ont pu fonctionner jusqu’au 20 mars), une usine en Espagne (aujourd’hui à l’arrêt, le pays ayant pris des mesures de confinement général suspendant les expéditions). L’entreprise compte également des usines en Malaisie, et une usine aux Etats-Unis (arrêtée, le gouverneur de l’Etat a demandé l’arrêt de toutes les usines non stratégiques).

Un télétravail prolongé source d’inquiétudes

« Le télétravail prolongé pèse à tout le monde, mais nous pensons notamment aux personnels confinés dans de petits appartements franciliens, parmi lesquels notamment de jeunes embauchés qui vivent seuls, des parents qui télétravaillent en assurant la garde école de leurs enfants ». Aussi les managers ont mis en place de nouveaux modes managériaux avec des routines quotidiennes d’appel et de suivi.

« À l’inverse, il n’est pas exclu que certaines personnes plus séniors dans l’entreprise, qui par le passé ne s’autorisaient pas à télétravailler, y seront plus enclines dans le futur ».

 

[1] L’Entreprise compte un bureau à Shanghai, un bureau à Singapour, des usines en Malaisie et en Italie.

[2] Comité social économique

 

Fabienne Pécheul, Directrice des Ressources Humaines de Terreal

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