Cette crise inédite ayant complètement brisé sa chaîne de valeur, la totalité des collaborateurs du fabricant français de meubles haut de gamme a dû être placée en chômage partiel à l’annonce des mesures de confinement en France.

Pour l’entreprise, mais aussi pour ses salariés, les dirigeants du Groupe se sont rapidement mobilisés pour relancer l’activité. En interne, une consultation a été engagée avec les syndicats pour fixer les mesures nécessaires à cette reprise. Aussi, 75% des collaborateurs sont aujourd’hui de retour sur les sites de production - les 25% restants étant des personnes à risques ou demeurant en arrêt pour garde d’enfants – où les gestes barrières sont devenus des automatismes. Acteur important du secteur, le Groupe a provoqué un effet d’entraînement vis-à-vis de ses fournisseurs historiques, qui ont repris leur activité en même temps que lui. La même démarche a été effectuée en aval de la chaîne de valeur, le Groupe ayant remis à plat l’ensemble de ses flux logistiques. Là où elle disposait « d’une mécanique bien huilée », l’entreprise doit désormais faire preuve de souplesse pour s’adapter aux changements imposés par le contexte actuel. De la crise du Covid-19, le Groupe retiendra notamment l’importance de maintenir un tissu industriel suffisamment solide en France.

 

Date de publication : 22/04/2020

Une enquête réalisée auprès d'Antoine Roset, Directeur Marketing

 

Une reprise d’activité engagée, bien que progressive

Le Groupe Roset, fabricant français de meubles haut de gamme, comptabilise 70% de son chiffre d’affaires à l’étranger, ce qui l’a aidé à lisser le choc d’une rupture brutale de son activité en France. « En France, nous avons été confrontés à une première onde de choc à l’annonce du confinement, lorsque tous nos magasins ont dû fermer. Une seconde onde de choc nous a touchés, quelques jours plus tard,  lorsque notre industrie n’a plus pu s’alimenter en pièces détachées et matériaux, ce qui nous a contraints à fermer nos usines également ». La totalité de la production et du siège ont dû être placés en chômage partiel : « la chaîne de valeur s’est totalement brisée ».

Pour l’entreprise, mais aussi pour ses salariés, ses dirigeants ont rapidement voulu reprendre l’activité : « Il était impensable que l’entreprise demeure à l’arrêt. Pour nos salariés aussi, il était important de sortir du confinement, de reprendre un rythme – sans compter l’aspect financier, malgré les aides conséquentes de l’État ». Pour autant, « le timing de la reprise était important : il ne fallait pas redémarrer trop tôt. Nous avons appelé nos fournisseurs principaux pour s’assurer d’une activité même partielle qui leur permettrait de nous fournir ». Acteur important du secteur, le Groupe a provoqué un effet d’entraînement : « nos fournisseurs historiques ont joué le jeu, la plupart d’entre eux a recommencé son activité en même temps que nous ». La même démarche a été effectuée en aval de la chaîne de valeur, le Groupe ayant remis à plat l’ensemble de ses flux logistiques : « Cela demande une certaine souplesse pour l’entreprise, car les règles ont changé : là où nous disposions d’une mécanique bien huilée, désormais toutes les semaines nous devons nous adapter aux changements dus à la crise ».

 

Des conditions sanitaires strictes nécessaires à la reprise d’activité

« Avec le soutien de certains de nos fournisseurs, nous avons pu relancer notre industrie en respectant l’ensemble des règles sanitaires ». Le Groupe a réuni ses directeurs de production, ses RH et ses équipes soignantes (une infirmière travaille en permanence pour le Groupe) afin de mettre en place les mesures nécessaires à une reprise de l’activité. Une consultation a pour cela été engagée avec les syndicats du Groupe, dont a été tiré un feuillet de 16 pages listant les processus à respecter : marquages aux sols, bornes rappelant les mesures barrières, la ligne à tenir en cas de contamination etc. L’entreprise a également dû s’assurer qu’elle disposait d’un stock de masques suffisant pour gérer des semaines de production et a fourni gel, gants et lunettes à ses salariés quand cela était nécessaire. « Cela était plus simple que ce que nous imaginions ». De telles mesures sont également appliquées au siège du Groupe ou les gestes barrière doivent être respectés, où les réunions ont été limitées et les lieux de rencontre réaménagés (installation en quinconce dans la salle de restauration, mise à l’arrêt des appareils électroménagers en communs etc). « Tout cela s’est fait il y a deux semaines. La semaine dernière, après Pâques, nous avons repris notre production ». 75% de l’effectif est aujourd’hui de retour au travail, les 25% restants étant des personnes à risques ou demeurant en arrêt pour garde d’enfants. « Depuis, le rythme de production repris est assez sain et pérenne. Les gens sont calmes, il y a une très bonne ambiance. Les gestes barrières, inégalement appliqués avant le confinement, sont désormais devenus des automatismes ». L’entreprise mène deux audits par semaine sur ses sites afin de s’assurer que les mesures de protection sanitaires sont bien appliquées, « ce qui est le cas : tout le monde a compris, les mesures qui avant pouvaient être prises à la légère sont désormais entrées dans les mœurs ».

 

Une dernière étape : la réouverture des magasins en France

Pour retrouver une activité normale en France, l’entreprise doit voir l’intégralité de sa chaîne de valeur apte à fonctionner, ce qui n’est pas le cas tant que les magasins n’auront pas rouvert. « D’ici là, nous travaillons sur nos portefeuilles, sur les commandes enregistrées dans les pays étrangers ». Disposant d’implantations aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine, en Asie, au Moyen Orient et en Australie, le Groupe peut focaliser sa production sur les zones où les magasins sont restés ouverts, ou ont réouvert : « le marché asiatique a repris. Nous n’en sommes pas encore à l’avant-crise, mais le marché est de nouveau soutenu ». Le Groupe peut également compter sur une consommation restée dynamique aux États-Unis (où seuls quelques points de vente, notamment à New-York, ont fermé) : « un marché tourné vers l’économie avant tout, qui ne s’arrête jamais, quoi qu’il arrive, au risque de disparaître ».

Le Groupe suit désormais étroitement les signaux de reprise en Europe : « Nous sommes particulièrement attentifs à la réouverture cette semaine du marché allemand, qui est un marché important pour nous. D’ici deux à trois semaines, quand les commerces vont commencer à rouvrir en France, ceux qui sauront s’inspirer de l’expérience allemande auront sûrement des pistes ». Cela concerne principalement les magasins et les normes sanitaires qui y devront y être appliquées (« le reste de la chaîne logistique va se remettre en place toute seule ») : « Nous devons pouvoir nous équiper en fonction de ce qui nous sera demandé en magasin, or on entend un peu tout et n’importe quoi. En Autriche, pour un magasin de moins de 800 m2, il faut pour l’ouvrir être capable de fournir un masque à chaque personne qui entre. Or aujourd’hui, en France, on n’arrive pas à se fournir en masques ! ».

 

Des premières leçons tirées de la crise

De la crise du Covid-19, le Groupe retiendra notamment deux enseignements. D’une part, la réaction à avoir pour maintenir l’activité : « nous n’étions pas capables, au début de la crise, de mettre en place les règles sanitaires. Aujourd’hui, on sait comment faire, en suivant à la lettre ce qui est conseillé et les nombreux rapports publiés. Cela demande de la logistique, de bien suivre les équipes, c’est faisable. Nous devrons à l’avenir nous montrer plus réactifs ».

Une seconde leçon, plus générale, concerne l’importance de maintenir un tissu industriel suffisamment solide en France : « Nous sommes confortés dans l’idée qu’une production locale est essentielle en France : soutenir l’industrie française peut coûter plus cher au consommateur sur le moment, mais plus tard s’avérer salutaire face à l’émergence d’une crise ». 

Un don de masques à double sens

Le Groupe, qui avait constitué un stock de masques chirurgicaux et FFP2 lors de la crise du H1N1, a donné au début de la crise ce stock aux hôpitaux, aides-soignants et pharmacies situés près de ses sites en France. « Cela tombait sous le sens pour nous, entreprise familiale ». Dans la perspective d’une réouverture de ses usines et de la nécessité de fournir des masques à son personnel, le Groupe a à son tour bénéficié d’un don d’un de ses clients chinois, qui lui a fait parvenir les 10 000 masques qui lui permettent aujourd’hui de reprendre son activité.

 

Antoine Roset, Directeur Marketing

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