À la fin du mois de mars, alors que la pandémie de Covid-19 frappe durement le pays, GEODIS est missionné par l’État pour une mission vitale : organiser en urgence le transport de millions de masques entre la Chine et la France. Pleinement intégré à la cellule de crise du ministère des Solidarités et de la Santé, l’entreprise parvient, en 10 jours, à déployer un véritable pont aérien. Adaptation, pragmatisme et savoir-faire ont été les trois clés de la réussite de cette opération exceptionnelle dont la Quotidienne des Entreprises en Action vous dévoile les coulisses.

 

Date de publication : 26/05/2020

Une enquête réalisée auprès d'Éric Martin-Neuville, Directeur Général Global Freight Forwarding et Stéphane Cassagne, Directeur Général Distribution & Express

 

Un dispositif exceptionnel dans une période inédite

GEODIS a été missionné par l’État français pour l’organisation en urgence du transport de millions de masques entre la Chine et la France. Si le Groupe a l’habitude de travailler avec l’État français par le biais d’un contrat avec la Direction des Achats de l’État (DAE) depuis des années pour la livraison de matériel professionnel à la Gendarmerie Nationale ou encore aux Pompiers de Paris, la demande était cette fois-ci bien plus complexe tant par les volumes que par le contexte hors norme dû à la pandémie.

« Le dimanche 29 mars, nous sommes sollicités par le ministère des Solidarités et de la Santé dans le but de gérer la livraison d’une quantité considérable de masques de protection de Chine en France. Il s’agissait d’être capable de monter un plan de transport robuste pour organiser une première livraison sous 10 jours ». GEODIS a ainsi intégré la cellule de crise du ministère des Solidarités et de la Santé pour accompagner l’État dans une mission vitale pour la France : assurer que le personnel soignant sera bien équipé en matériel de protection. Dès lors, ce sont deux salariés de GEODIS dédiés à temps plein à cette mission qui travaillent sept jours sur sept dans cette cellule de crise. « Si nous pensions au départ n’avoir qu’un rôle de conseil dans une cellule de réflexion, il s’est avéré finalement que cette cellule avait un but tout à fait opérationnel ».

Cette demande de l’État à GEODIS, faite dans l’urgence, est intervenue alors que les conditions du transport aérien étaient très détériorées. Les capacités s’étant vues réduites de moitié du fait de la suspension des vols passagers, dont les soutes sont utilisées pour le transport de marchandises. « Fin mars, le marché était déjà très tendu, cela n’a fait qu’empirer depuis ». La demande de masques dans le monde ayant massivement augmenté, la grande majorité des capacités disponibles est alors affrétée pour le transport et la livraison de matériel de protection pour faire face à la crise du Covid-19. GEODIS a dû réagir vite et prendre des risques en sécurisant très rapidement des vecteurs aériens « de très grande capacité, fiables et à un prix relativement abordable ». Au vu du contexte, peu de compagnies pouvaient répondre aux besoins. C’est ainsi que le Groupe s’est tourné vers Volga-Dnepr Airlines, une compagnie russe ayant à disposition dans sa flotte des Antonov 124, second plus gros avion du monde produit en série (derrière l’Airbus A380) et pouvant embarquer un chargement de 150 tonnes. L’avion russe, d’une grande fiabilité, offrait non seulement une très grande capacité mais permettait également un chargement en vrac des marchandises, accélérant les process de chargement et de déchargement. « Cela nous a permis de sécuriser une grande partie des capacités aériennes nécessaires pour répondre au plus vite à la demande de l’État ».

Mais la sécurisation des vecteurs aériens n’a pas été la seule difficulté. « Nous nous sommes très vite rendu compte de la complexité de l’opération car GEODIS devait gérer toute la chaîne, ou quasiment, de A à Z, en assurant en particulier la coordination des dates de mise à disposition des marchandises avec les fournisseurs et en assurant les formalités douanières à l’exportation de Chine ». Pour gérer ce pont aérien, GEODIS a alors mis en place une double structure de commandement. La première, en France, comptant une dizaine de personnes et la seconde, en Chine, au sein de structures établies de longue date, pour la gestion opérationnelle et pour la coordination avec les fournisseurs chinois. Cette période a exigé une énergie incroyable de la part des équipes, dans un contexte qui n’était pas celui habituel. Le télétravail, dans cette opération, n’étant pas toujours un atout.

Adaptation, pragmatisme et savoir-faire, les trois clés de la réussite de l’opération. « Au vu de la demande de l’État, nous savions que nous réussirions à la seule condition de dédier à l’opération les compétences de l’entreprise les plus adaptées. Par exemple, nous avons demandé à la personne dont le rôle habituel est d’implémenter de nouveaux grands contrats dans le monde de prendre les rênes de la cellule de coordination ». Cette analyse a été menée avec le même sérieux en France et en Chine. Pour que ces équipes travaillent bien ensemble dès le premier jour, « il a fallu mettre en place des processus de travail qui peuvent s’apparenter au modèle de commandement militaire. Nous n’avions pas le droit à l’erreur. Une fois que nous étions tous « rodés », nous avons plus délégué, revenant à des modèles de management classiques ». Le Groupe a cependant veillé à faire tourner les effectifs engagés sur ce projet inédit : « À partir de la fin du mois de mai, nous avons proposé à la majeure partie de l’équipe mobilisée depuis mars de prendre du repos : les heures travaillées, les aléas permanents font que la période a été extrêmement complexe pour eux. Même si les gens engagés sur le projet étaient fiers de leur contribution et ne voulaient pas laisser la main ».  

 

Un pont aérien qui a permis d’affréter près de 80 millions de masques par semaine

Sur la base de cette nouvelle organisation, GEODIS affrète ainsi son premier vol Chine-France 10 jours après la requête du ministère des Solidarités et de la Santé. Ce vol a eu lieu entre le 28 et le 29 mars dernier. « Puis la cadence s’accélère pour passer à 4 vols par semaine : 2 en partance de Shenzhen et 2 de Shanghai ». Au vu de l’accélération de la cadence, le Groupe français met rapidement en place des stocks-tampon pour s’assurer de bénéficier de suffisamment de marchandises dédouanées pour faire partir chacun des vols.

Mais le bon déroulement de l’opération se complique encore. GEODIS doit faire face à deux évolutions qui viennent perturber l’opération. Les autorités chinoises décident tout d’abord de fortement complexifier le processus douanier d’exportation des masques au départ de Chine en y ajoutant des inspections techniques sur le matériel transporté. Peu à peu, des documentations complémentaires sont exigées, alourdissant et ralentissant les processus de livraison de masques de protection. « On est passé de réception jour A, embarquement jour B à réception jour A, embarquement dans le meilleur des cas jour D ». La seconde évolution est l’accélération des volumes de production de matériel de protection. « Les 4 Antonov sont rapidement devenus insuffisants pour répondre au rythme d’exportation ». Le département Global Freight Forwarding s’est donc tourné vers l’État français qui a permis de débloquer de nouveaux appareils d’expédition de marchandises. « Cela nous a permis de doubler la taille du pont aérien : les Antonov arrivaient à Vatry, les Boeing 777 d’Air France à Roissy, de manière à décongestionner Vatry ». Le fret organisé par GEODIS est donc passé à 8 vols par semaine, les avions russes étant en provenance de Shenzhen, les 4 Boeing au départ de Shanghai. Des avions de ce type permettant de transporter entre 8 et 12 millions de masques, GEODIS permet donc l’expédition moyenne de 80 millions de masques par semaine, pour le compte du gouvernement français.

Aujourd’hui, l’urgence étant moindre qu’au début de l’opération du fait d’un stock de masques qui commence au fur et à mesure à grossir, le ministère des Solidarités et de la Santé étudie avec GEODIS la possibilité de compléter le dispositif aérien en place par du fret maritime, moins coûteux. « L’opération a été testée la semaine dernière. Le fret maritime est plus long mais une quantité significative de masques ayant été livrée en France, l’État peut plus facilement utiliser ce type de transport aujourd’hui ». Si le fret maritime Chine-France met environ 30 jours à être réalisé, soit beaucoup plus de temps que le transport aérien, celui-ci est aussi beaucoup moins coûteux : « En temps normal, c’est du 1 pour 10 ». De plus, la voie maritime permet le transport d’une bien plus grande quantité de marchandises et présente donc aussi un impact environnemental moindre. « C’est une excellente option, le bateau deviendra peu à peu la principale source d’approvisionnement, le vecteur aérien restant complémentaire ».

 

Une répartition des équipements médicaux réalisée avec les organisations agréées

Une fois les masques arrivés sur le tarmac de Vatry ou de Roissy, c’est alors une autre ligne de métier qui prend le relais au sein de GEODIS, celle que l’on nomme « Distribution & Express », qui est d’ailleurs la détentrice du contrat passé il y a quelques années avec la DAE. Lorsque les avions atterrissent, les masques sont alors transportés par voie routière jusqu’aux entrepôts de Santé Publique France (SPF) ou, si ces derniers sont pleins, dans ceux de GEODIS mis à disposition. Les lieux sont tenus secrets, la matière stockée étant très convoitée. Ce sont 15 semi-remorques qui sont mobilisés pour chaque opération. « À partir de là, les entrepôts trient la marchandise, la reconditionne en lots afin que ceux-ci soient répartis équitablement entre les 137 groupes hospitaliers français ».  Si les marchandises livrées sont essentiellement des masques, GEODIS a pu fournir de nombreux établissements en blouses de protection ou en respirateurs. Peu à peu, d’autres autorités étatiques ou locales ont fait appel à GEODIS. C’est le cas du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, de préfectures ou de différentes collectivités territoriales. « Nous avons peu à peu été appelés par différentes autorités nationales ou régionales durant la crise et ce, parallèlement à notre mission avec SPF ». Ces opérations imposent encore une fois une grande réactivité de la part des équipes. Deux structures locales, celles de Tours et d’Évreux, sont en appui de l’organisation centrale pour contrôler les opérations. Sans compter la structure de Reims, de par sa proximité de l’aéroport de Vatry. « Sans parler du personnel roulant, je dirais qu’il y a une vingtaine de personnes mobilisées à plein temps sur cette seule opération au sein de Distribution & Express ».

Après la vérification nécessaire opérée par SPF et la préparation des lots, ce sont les 110 agences de GEODIS en France qui prennent le relais et gèrent les opérations de distribution du matériel de protection. « Ces entrepôts locaux distribuent quotidiennement les marchandises d’environ 60 000 clients. Le maillage territorial de GEODIS nous permet de toucher l’ensemble des localités pour avoir des délais de livraison performants ». C’est grâce à ce maillage mais surtout à la relation contractuelle qui lie GEODIS à l’État depuis plusieurs années, au travers de la DAE, qu’une telle mission a pu être confiée au logisticien français. « L’État s’est tourné vers le logisticien qu’il connaissait pour cette mission d’envergure ».

Toutes ces opérations se sont déroulées en respectant bien sûr les mesures de sécurité sanitaire. « Tout cela s’est fait dans un moment très particulier, c’est une crise sans précédent et cela nous a obligé à mettre en œuvre des mesures de prévention importantes comme par exemple la livraison sans contact. Nous avons d’ailleurs été le premier opérateur de messagerie à la mettre en œuvre. Toute l’entreprise est mobilisée et le sera encore. Nous répondrons présents le temps qu’il faudra pour assurer au personnel soignant que nous soutenons quotidiennement à notre manière, la disponibilité du matériel de protection nécessaire à l’exercice de sa tâche ».

 

Une opération qui marquera l’entreprise

Grâce à cette opération, le Groupe GEODIS a pu montrer comme d’autres entreprises, son implication quotidienne dans la vie des Français. « Cette initiative a fait du bruit et a rendu nos collaborateurs très fiers au quotidien ». L’entreprise nous apprend aussi que son business model est pour beaucoup un élément de motivation quotidien. « Dans notre métier beaucoup de collaborateurs vivent aussi pour ce genre de missions extraordinaires ».  

 

Éric Martin-Neuville, Directeur Général Global Freight Forwarding

 

Stéphane Cassagne, Directeur Général Distribution & Express

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