Gecina : repenser le logement comme lieu de vie et de lien social

Première foncière de bureaux d’Europe, Gecina porte également une activité de bailleur dans l’immobilier résidentiel qui a dû être repensée dans le cadre imposé par la crise sanitaire. Comment réagir à ces contraintes nouvelles et adapter les outils et process d’un métier qui se fonde avant tout sur le relationnel au quotidien ? Comment réussir l’implication des collaborateurs ? Quelles actions de solidarité porter pendant le confinement ? « Ce n’était pas comme un exercice incendie : on n’était pas préparé, et pourtant tout s’est bien passé » : retour sur une expérience inédite.

Date de publication : 27/05/2020

Une enquête réalisée auprès de Franck Lirzin, Directeur Exécutif Résidentiel de Gecina, Pierre-Emmanuel Bandioli, Directeur des activités résidences étudiants et Stéphanie Capmarty, Gardienne d’immeuble dans une résidence de Gecina à Courbevoie.

Une activité adaptée et maintenue, grâce notamment à l’implication des collaborateurs et au numérique

Première foncière immobilière européenne de bureaux, Gecina exerce environ 20% de son activité dans l’immobilier résidentiel locatif. Une activité qui a demandé une réaction rapide de la part du Groupe, notamment dans les résidences pour étudiants : « Il a fallu gérer la libération des logements à cause de la fermeture des universités et des écoles en même temps, alors même que nos collaborateurs étaient dans leur propre vie en train de se confiner. L’avantage est que beaucoup de nos gestionnaires habitent dans les résidences, ce qui a rendu plus simple le fait d’être présent, de rassurer, notamment les étudiants étrangers. On a maintenu une présence sur place et changé nos méthodes de travail, en développant de nouveaux outils ». Des solutions digitales ont été mises en place afin notamment de pouvoir signer électroniquement les ruptures de contrat de bail ou encore procéder à un état des lieux contradictoire à distance. Dans les résidences traditionnelles en revanche, où les locataires se sont retrouvés présents en permanence pendant la période de confinement, « l’activité de nos gardiens a été maintenue à 100%, même 150% ! ».

L’activité de ces personnels d’immeubles de logement comme de résidences pour étudiants a dans tous les cas dû être repensée : « cela n’a pas été évident au début, mais nous avons fait ce choix avec les gardiens et gestionnaires de résidence de maintenir l’activité, tout en fermant physiquement les loges et bureaux d’accueil ». Un maintien de l’activité facilité par le fait que les équipes restent « virtuellement » disponibles : « La technologie aidant, on a continué à faire des visites virtuelles grâce à des vidéos des appartements vacants, des communications aux locataires par SMS ou via des groupes Whatsapp, qui nous ont permis de garder le contact ». Les interventions techniques non urgentes ont, en revanche, été suspendues, à commencer par les chantiers d’appartements, « à l’initiative des entreprises, qui n’avaient pas les moyens de continuer ».

Le Groupe Gecina a dans tous les cas de figure maintenu pour priorité la sécurité et la protection des salariés : « Nous avons immédiatement constitué des stocks de gants, de gel, on a livré toutes les résidences pour maintenir le travail en toute sécurité ». Une sécurisation facilitée là encore par le recours à des solutions numériques, palliant temporairement l’impossibilité de contacts physiques : « Nous avons décidé d’accélérer la digitalisation de nos process (…). Nous avons fait un saut quantique vers le digital ! ».

La communication du Groupe a également été adaptée : « Nous avons beaucoup communiqué avec nos clients, en les informant des décisions prises – comme le renforcement du nettoyage des parties communes par exemple – et en rappelant les règles sanitaires à appliquer, y compris au sein de la résidence et de ses espaces verts ». Une communication qui s’est également voulue transparente sur les actions menées : « On a pris le parti d’être très transparents sur la communication, il y a eu des cas de contamination de locataires et d’étudiants, on a désinfecté, et informé. Cette démarche a rassuré nos clients ».

Une raison d’être confortée par la crise

Engagé dans une logique de développement de son activité résidentielle, le Groupe s’est vu conforté par la crise dans sa vision de l’importance de repenser le logement comme lieu de vie et de lien social. « La crise du Covid-19 a paradoxalement conforté notre stratégie, elle a été un accélérateur de ce que l’on faisait : elle nous conforte sur le fait qu’il est important d’avoir un logement proche de son lieu de travail, bien pensé pour pouvoir y travailler et y vivre, et géré par un bailleur prêt à intervenir dès que cela est nécessaire. Cela valide complètement notre modèle d’investisseur institutionnel dans le logement ».

Sous l’impulsion des gardiens et gestionnaires de résidences, des dispositifs d’entraide ont été mis en place afin de maintenir en période de crise le contact humain, « ce qui est le plus important dans notre activité ». Des initiatives ont ainsi été initiées au sein des résidences afin d’adapter le quotidien de résidences désormais habitées en permanence par l’ensemble des locataires, comme par exemple à Courbevoie où des groupes Whatsapp ont réuni des parents de la résidence pour leur proposer des activités pour leurs enfants depuis les balcons. S’est également développée « une solidarité entre voisins, notamment vis-à-vis des personnes âgées isolées », qui se veut la marque du lien humain que le Groupe considère ancré dans son ADN à travers sa marque YouFirst annoncée en décembre 2018.

Un Groupe engagé dans la crise aux côtés de ses différentes parties prenantes

Le Groupe a, au cœur de la crise, mené des actions sociétales et proposé notamment la mise à disposition de ses logements pour étudiants restés vacants à des associations, dans le cadre notamment d’un partenariat avec la Fondation des Femmes et la Fédération nationale Solidarité Femmes, qui permet d’héberger actuellement 47 femmes et 57 enfants, mis à l’abri de violences conjugales dans des logements du Groupe. Il a également proposé à l’AP-HP et à d’autres groupes hospitaliers des logements à disposition de soignants, venant notamment en soutien depuis d’autres régions : « Nous avons travaillé avec eux pour identifier les chambres près des hôpitaux, et travaillons aujourd’hui à un partenariat qui s’inscrirait dans la durée ».

Un sentiment de « fierté », de « reconnaissance » prédomine aujourd’hui chez les collaborateurs, heureux de constater le soutien apporté par le Groupe à des initiatives sociétales, mais aussi « reconnaissants d’avoir vu leur activité maintenue à 100% », sans recours au chômage partiel et à l’obligation de pose de jours de congés. La baisse de la rémunération de la dirigeante et des administrateurs, à leur initiative, a également été « très bien accueillie ». Les gardiens et gestionnaires de résidences ont également pu compter sur le soutien sans faille du siège : « Nous n’avons pas été abandonnés dans la nature, on nous a toujours demandé comment on allait, pris des nouvelles, etc. Les équipes confinées ont tout de suite géré les fournitures en gels et masques, on nous a livrés rapidement. On a aussi eu un vrai soutien moral, ce qui était important car nous étions tous isolés chez nous. Ce n’était pas comme un exercice incendie : on n’était pas préparé, et pourtant, tout s’est bien passé ».

Pour les personnels administratifs, placés en travail à distance, le retour au bureau s’organise progressivement : « Le travail à distance n’était pas dans notre culture. Nous sommes un Groupe à taille humaine et habitués à se côtoyer. Le fait de ne pas se voir est pénible et les outils numériques ne remplaceront jamais le fait de se parler, d’échanger un mot à la machine à café, tous ces petits moments très humains qui font la force de l’entreprise et du collectif ». Le Groupe travaille aujourd’hui à l’aménagement de ses immeubles de bureaux pour ses clients en Île-de-France pour répondre au contexte sanitaire de déconfinement, dont son siège en lien avec les partenaires sociaux. « Dans les résidences, nous attendons de voir si nous pouvons organiser des visites un peu moins virtuelles, dans des conditions à définir. La réouverture des loges n’est en revanche pas prévue, n’ayant pas une configuration adéquate – mais elles restent virtuellement ouvertes ».

Aujourd’hui, il importe au Groupe de reprendre une activité dynamique en tenant compte des enseignements de la crise : « on a travaillé ensemble comme jamais, on a réussi à mettre des choses en place qu’on ne pensait pas possibles. (…) Le fait d’avoir maintenu toute l’activité à distance fait qu’on réussit à travailler de façon beaucoup plus agile et de façon collective. Ce sont des choses qui vont rester ».

Interview de Méka Brunel, administratrice directrice générale de Gecina : Le monde d'après sera inclusif

Aux yeux de l'Administratrice Directrice Générale de Gecina, qui a témoigné dans le cadre de Parole de dirigeant, cette crise globale sonne comme un avertissement face au défi climatique qui s’annonce. C’est pourquoi Méka Brunel estime nécessaire que « l’après » s’ouvre sur un monde plus inclusif, où l’écologie et l’économie seront mieux mises au service de l’humain.

C’est dans cet esprit que Gecina a accompagné ses clients, au diapason de la solidarité nationale. C’est ainsi que plus de 13% de son chiffre d’affaires bureaux a fait l’objet de mensualisation de loyer, de report ou de négociations, et qu’un trimestre de loyer a été annulé pour les TPE dont l’activité s’est arrêtée sur décision administrative. Par solidarité, Méka Brunel et les administrateurs indépendants ont versé à la fondation d’entreprise une partie de leur rémunération, pour venir en aide aux victimes du Covid-19.

Une interview à retrouver ici.